22.4.06
Le 19 avril, Svetlana Bakhmina, employée du service juridique de la compagnie Yukos, a été condamnée à 7 ans de camp pour détournement et blanchiment de fonds. Svetlana n'a jamais occupé de poste de direction ni pris de décision concernant le management de l'entreprise. Elle a été inculpée parce que sa signature se trouvait sur quelques papiers que le parquet général a considéré comme pièces à convictions dans une affaire largement fabriquée. L'opération en question était un transfert d'actions interne à la compagnie, au cours de laquelle aucun actif n'a été subtilisé ni vendu, mais simplement déplacé de la balance d'une filière de Yukos à celle de l'entreprise mère dans le cadre d'une restructuration de l'entreprise. Svetlana a deux enfants de quatre et sept ans qu'elle n'a pas vus depuis plus d'un an. Durant sa détention provisoire, elle n'avait pas même le droit de téléphoner à sa famille. La peine qui lui a été infligée, sept ans de détention, ne lui permet pas de bénéficier de l'amnistie décrétée en l'honneur du centenaire de la Douma, l'Assemblée russe. En effet, cette amnistie concerne les femmes ayant plus d'un enfant à charge et condamnées à des peines de moins de... six ans. Il est évident que ce verdict disproportionné à été prononcé spécialement pour que Bakhmina ne rentre pas dans le cadre de l'amnistie. Au cours l'annonce du verdict il s'est d'ailleurs produit un incident révélateur: en lisant le verdict, la juge Tatiana Korneeva, du Tribunal Simonovski de Moscou a prononcé que Bakhmina était "condamnée à une peine de sept ans de camp de régime sévère". Or le camp de régime sévère est réservé aux auteurs de crimes de sang, et de plus il n'en existe pas pour les femmes. C'est alors le procureur Nikolaï Vlassov qui, devant les journalistes et les amis de l'accusée, a rectifié "l'erreur technique" de la juge. Outre le fait que ce malentendu est particulièrement douloureux pour la personne qu'il concerne, il semble indiquer que la juge découvrait le verdict en même temps qu'elle l'annonçait, alors que le procureur, lui, le connaissait visiblement par coeur.Dans une conférence de presse tenue le lendemain, Me Iouri Schmidt, avocat de Khodorkovsky, a déclaré que la condamnation absurde et démesurément sévère de Svetlana Bakhmina était un avertissement pour Vassili Aleksanian, arrêté le 6 avril dernier, qui était le supérieur hiérarchique de Bakhmina, ainsi qu'une façon de faire pression sur l'employée afin de l'obliger à témoigner contre son ancien chef.
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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