La justice russe juge illégale la mise en cellule d’isolement de l'ex-PDG du groupe pétrolier Ioukos, dans la colonie pénitentiaire sibérienne où il purge une peine de huit ans de prison.
Un peu de répit pour Khodorkovski. La juge Larissa Joukova, du tribunal de Krasnokamensk, ville sibérienne où est détenu l’ancien homme le plus riche de Russie, a ainsi donné suite à une plainte de son avocate locale Natalia Terekhova.
Khodorkovski avait été placé en cellule d'isolement fin janvier 2006, après la découverte sur lui de deux directives du ministère de la Justice portant sur les droits des détenus, considérées par l'administration du camp comme des «documents interdits». «Les directives du ministère de la Justice ne sont pas secrètes et ont été publiées dans la presse par le passé», a expliqué la juge à l’agence de presse russe Interfax.
Blessé à l'arme blanche Khodorkovski, blessé à l'arme blanche la semaine dernière par un autre détenu (lire ci-dessous), a fait plusieurs séjours en isolement, la dernière fois fin mars pour avoir bu du thé en dehors des lieux prévus à cet effet. En février, pour la première fois depuis son incarcération, ses avocats avaient obtenu une victoire modeste mais importante pour la suite de sa peine de 8 ans: le tribunal de Krasnokamensk annulait un blâme reçu le 14 décembre pour avoir «quitté son poste de travail» devant une machine à coudre.
L'ex-patron de Ioukos avait été condamné en mai 2005 pour fraude fiscale au terme d'une procédure dénoncée par ses avocats comme inspirée par le Kremlin afin de rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un homme d'affaires manifestant des ambitions politiques. Selon ses défenseurs, l'annulation de la condamnation au cachot de Khodorkovski réduit le risque de voir l'établissement carcéral interdire les visites de sa famille. Par ailleurs, l'accumulation de sanctions disciplinaires risquait d'empêcher son transfert éventuel dans un centre de détention au régime moins sévère.
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La juge Larissa Joukova est bien courageuse. Il est vrai que les tribunaux de province sont, par définition, plus indépendants que ceux de la capitale.
Mais je doute qu'elle conserve très longtemps son poste. Affaire à suivre...