MOSCOU, 19 avril - RIA Novosti. Alexandre Chokhine, président de l'Union des entrepreneurs et des industriels de Russie, a prévenu que, dans le contexte du développement impétueux du secteur public et des investissements de l'Etat, la Russie était menacée de désindustrialisation et de ralentissement de la croissance.
D'éminents experts russes commentent ses propos dans le quotidien Vremia novostei.
Evseï Gourvitch, chef du Groupe d'experts économiques: l'Etat a déjà montré son inefficacité en affaires. Les secteurs où l'Etat prédomine se développent moins bien que les autres. Il ne sait pas tirer de profits de ses immenses actifs et, par conséquent, ses recettes budgétaires sont insignifiantes. Nous sommes en présence d'un modèle économique spécifique où ceux qui sont affiliés à l'Etat bénéficient d'avantages particuliers dans la concurrence.
L'Etat peut, au mieux, compléter le secteur privé. Mais l'Etat, surtout quand il est aussi corrompu que le nôtre, ne peut pas remplacer entièrement les investissements privés.
Andrei Netchaïev, président de la Corporation financière russe: depuis plusieurs années, les experts affirment que l'économie russe est atteinte d'une forme grave de "maladie hollandaise" (un afflux important de recettes en devises provenant de l'exportation de matières premières entraîne une régression dans de nombreux secteurs de l'économie).
Les compagnies publiques jouent aujourd'hui le rôle principal pratiquement dans tous les secteurs. Cependant, ni l'expérience russe, ni l'expérience mondiale n'ont prouvé que la gestion de la propriété par l'Etat et la gestion de l'économie par l'Etat par l'intermédiaire des compagnies publiques était plus efficace que celle du secteur privé. Par exemple, Ioukos, compagnie qui est certainement coupable de fraude fiscale, a tout de même payé plus d'impôts que Rosneft, compagnie publique.
Alexandre Khandrouïev, chef du groupe de conseil BFI: les hommes d'affaires ont peur des projets rentables de grande envergure, car, tôt ou tard, l'Etat y mettra la main. Le gouvernement estime qu'il est plus intelligent et plus perspicace que le marché. C'est une grosse erreur. Les investissements de l'Etat comportent toujours une part de corruption.
L'Etat fonctionne toujours selon des critères non pas économiques, mais politiques. Il faut espérer que cela ne soit pas fait au nom de la fausse idée nationale qui consiste à vouloir redevenir une superpuissance.