12.10.05
Cela fait maintenant plus de cinq jours que l'on a perdu la trace de Mikhail Khodorkovski et Platon Lebedev. Leur lieu de transfert continue d'être tenu secret et ni leurs avocats, ni même leur famille n'ont été prévenus de leur destination finale. La presse multiplie en attendant les faux effets d'annonce. Se référant à différentes sources toujours anonymes et toujours "dignes de confiance", les différents journaux ont prédit successivement aux deux hommes d'affaires une colonie pénitentiaire "de luxe" dans la région de Saratov, une colonie "pour anciens représentants des forces de l'ordre" (!) dans la région de Sverdlovsk, un camp en Sibérie aux environs de Chita, puis dans la région administrative des Yamal-Nenets (le Grand Nord), puis du côté de Syktyvkar (vers l'Oural), puis du côté de Novgorod... Les représentants du ministère de la Justice, sollicités à plusieurs reprises par les journalistes, ont déclaré que la loi obligeait seulement le directeur de la colonie pénitentiaire de destination à prévenir la famille dans un délai de dix jours après l'arrivée du prisonnier. Mais ils ont oublié de mentionner qu'une autre loi oblige également le directeur du centre de détention préventive où se trouvaient jusque là les détenus à prévenir les familles de leur départ ET de leur lieu de destination. Bref, les autorités russes demeurent égales à elles-mêmes.
Un récent sondage effectué par l'Institut Levada au mois de septembre et rendu public aujourd'hui montre que 18,5 % des interrogés jugent plausible l'idée que le pouvoir envisage l'élimination physique de Mikhaïl Khodorkovski.
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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