De mieux en mieux. Au début du mois Platon Lebedev, ex-président de la holding financière MENATEP et co-accusé de Mikhail Khodorkovski avait été transféré de sa cellule à l’infirmerie de la prison dans une cellule ordinaire de 9 personnes. Aujourd’hui, les matons ont décidé de l’envoyer au mitard pour huit jours. Motif : refus de se rendre à la promenade. Alors même que d’après le règlement de la prison, la promenade est un droit et nullement une obligation pour les détenus.
Je ne peux que répéter ce que j’avais déjà
écrit un an auparavant :
Platon Lebedev, 48 ans, est gravement malade. Il avait été arrêté, on s'en souvient peut-être, à l'hôpital où il venait d'être placé à la suite d'une crise d'hypertension. Depuis son emprisonnement en juillet 2003, son état de santé n'a cessé de se dégrader. A aucun moment il n'a eu accès aux soins médicaux nécessaires, sa famille n'a pas le droit de lui faire passer ses médicaments habituels, les examens prescrits par les médecins qui l'ont examiné (suite à l'intérêt manifesté pour son cas par la Cour Européenne de Justice) n'ont pas été effectués.
En février 2004, lors d'une audience de son procès, il s'est évanoui. Le tribunal a fait appeler les médecins du 03 (SAMU russe) qui l'ont examiné et lui ont fait une piqûre, après quoi on l'a renvoyé sur le banc des accusés et l'audience a continué. Les avocats n'ont pas été autorisés à parler aux médecins qui ont pratiqué cette intervention.
Platon Lebedev souffre de plusieurs maladies chroniques, en particulier d'hypertension et d'une hépatite virale chronique active. Le laisser sans soins en ce moment est un véritable crime, qui non seulement met actuellement sa vie en danger, mais qui raccourcit considérablement son espérance de vie dans l'avenir, laissant se développer dans son organisme un virus impossible à combattre par la suite. Conséquence d'une hypertension chronique mal corrigée, la vue de P.Lebedev s'est dégradée au point que durant l’instruction, il était incapable de lire son dossier d'accusation sans l'aide d'une loupe spéciale (que les autorités de la prison ont fini par lui retirer)…
Il est significatif que cette sanction intervienne au moment où Lebedev est censé préparer son pourvoi en cassation. Le délai imparti pour cela prenant fin précisément l’issue de la semaine de cachot (durant laquelle le détenu n’aura accès à aucun document), cette mesure disciplinaire est une violation flagrante du droit à la défense. Il est vrai que lorsque l’on connaît le talent procédurier de Lebedev et les erreurs commises par l’accusation et les juges eux-mêmes au cours du procès, on peut comprendre leur inquiétude devant la perspective d’un débat public de plus. Espérons seulement que la Cour Européenne des Droits de l’Homme appréciera ce procédé à sa juste valeur.