MOSCOU - La condamnation de Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, et de son associé Platon Lebedev n'est pas forcément définitive. Ce jugement pourrait être révisé par une juridiction supérieure, selon le commissaire russe aux droits de l'Homme.
«Je pense que le résultat final peut différer significativement de celui qui a été prononcé par le tribunal Mechtchanski» à Moscou, a déclaré Vladimir Lukin, cité par l'agence RIA-Novosti.
«Il y a bien d'autres instances qui vont du tribunal Mechtchanski au Jugement dernier, notamment le tribunal de Moscou, la Cour suprême et la Cour (européenne des droits de l'Homme) de Strasbourg à laquelle nous appartenons», a-t-il rappelé. La principale critique contre le verdict est sa «nature sélective», a indiqué M. Lukin.
«Cela signifie que de telles actions, si elles ont été commises, et je ne peux pas dire si elles l'ont été tant que la procédure n'est pas terminée, ces actions ont été commises par beaucoup d'autres que Khodorkovski et Lebedev», a-t-il expliqué.
Le verdict a montré, en outre, que les tribunaux russes «ont hérité de la psychologie du passé», a-t-il affirmé, ajoutant: «je veux dire lorsqu'un verdict est provoqué par un coup de téléphone».
Mikhaïl Khodorkovski, 41 ans, et Platon Lebedev, 48 ans, ont été condamnés mardi à neuf ans de prison, notamment pour fraude fiscale et escroquerie à grande échelle et en groupe organisé.
Comme une poignée d'»oligarques», Khodorkovski avait profité de l'effondrement de l'Union soviétique et des privatisations controversées qui avaient suivi au début des années 1990 pour acquérir d'anciennes entreprises d'Etat et amasser très rapidement des milliards de dollars.
Beaucoup ont vu dans le procès et la condamnation de Khodorkovski le châtiment du Kremlin contre un homme qui manifestait des ambitions politiques, ce que les autorités russes ont vivement démenti. La défense de Khodorkovski a annoncé avoir l'intention de faire appel du jugement, et les avocats de Lebedev ont déjà interjeté appel.
(
Edicom, 5.6.2005)