La plupart des quotidiens russes estimaient mercredi "choquante" la très sévère la condamnation à neuf ans de prison prononcée contre l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, et soulignaient que la peine risquait de s'allonger encore, de nouvelles charges étant annoncées contre lui.
"C'est trop", a jugé le quotidien économique Vedomosti dans un article sous-titré: "le verdict fait peur au monde des affaires". "Bien au delà du nécessaire", titre-t-il en une, commentant la durée de la peine et évoquant l'arrière-plan du procès en indiquant que "Khodorkovski sortira de prison sous un nouveau président", autrement dit après la présidentielle russe prévue en 2008.
"Neuf ans avec possibilité de prolongement", annonce pour sa part le quotidien libéral Kommersant, précisant que "la durée de la réclusion de Mikhaïl Khodorkovski pourra être augmentée" (car le parquet a confirmé mardi qu'il entendait déposer de nouveaux chefs d'inculpation).
Pour Izvestia, Khodorkovski et son associé Platon Lebedev, condamné à la même peine, "pourraient passer en détention jusqu'à 30 ans". Dans un commentaire intitulé "un mauvais précédent", le même journal souligne qu'une peine de neuf ans est généralement infligée "aux assassins et aux violeurs".
"Le règlement de comptes avec Khodorkovski et Lebedev était attendu, mais il a tout de même choqué par sa sévérité", estime de son côté à la une Nezavissimaïa Gazeta.
Kommersant publie également un long encadré sur les conditions de détention que connaîtra "l'oligarque déchu" dans une "colonie pénitentiaire à régime ordinaire".
Pratiquement tous les journaux rapportent en bonne place la phrase prononcée par l'ancien patron de Ioukos, selon laquelle "son sort a été décidé au Kremlin".Plusieurs reviennent aussi sur la carrière de l'ex-homme le plus riche de Russie, tel Gazeta, qui raconte "comment gagner 15 milliards de dollars en dix ans et les perdre en moins d'un an".
Pour le quotidien Vremia Novosteï, la décision du tribunal signifie que "pratiquement toutes les années 1990 sont déclarées criminelles".
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Le Monde, 1.6.2005)