28.12.04
Andreï Illarionov, conseiller économique du président russe Vladimir Poutine a décerné mardi le titre d'"arnaque de l'année" à l'acquisition par la compagnie publique Rosneft des principaux actifs de Ioukos "grâce à l'argent des citoyens russes", au cours d'une conférence de presse.
"Dans la catégorie arnaque de l'année le vainqueur est la vente de Iouganskneftegaz à une société mystérieuse (...), puis le rachat de cette société par Rosneft" ainsi que l'opération de fusion de cette dernière avec Gazprom, a annoncé M. Illarionov devant des journalistes.
Rosneft a annoncé jeudi qu'elle était devenue propriétaire de la première filiale de Ioukos, Iouganskneftegaz, en achetant les parts de Baïkalfinansgroup, une société inconnue qui l'avait emporté la semaine dernière aux enchères. Cette opération devrait déboucher sur la création d'un nouveau géant énergétique semi-public unissant Gazprom, Rosneft et Iouganskneftegaz.
Le conseiller économique, qui a critiqué à plusieurs reprises la politique du président Poutine, a estimé que "l'énigme de l'année" était de savoir "d'où vient l'argent" pour cette opération.
Mais il y a aussitôt répondu en estimant que les quelque 9 milliards de dollars que Rosneft devrait débourser pour cette acquisition ne pouvaient venir "que du budget de l'Etat puisque aucune autre compagnie n'avait de fonds suffisants".
"L'argent a été pris aux citoyens du pays", a-t-il conclu.
Andreï Illarionov a souligné que l'on avait assisté cette année à "la destruction de la compagnie pétrolière la plus efficace de Russie" et estimé qu'il s'agissait clairement d'une "expropriation", "puisque personne ne s'est intéressé aux propositions de Ioukos de rembourser sa dette fiscale".
L'économiste n'a pas exclu qu'une campagne comme celle qu'a enduré Ioukos puisse toucher d'autres compagnies russes.
Il a déploré que la Russie ait abandonné le chemin du libéralisme économique et soit passée à un "modèle interventionniste".
M. Illarionov a notamment comparé la nationalisation de facto de Ioukos, à celle du secteur pétrolier vénézuélien en 1976 et prédit un ralentissement de la croissance économique à cause "de l'intervention incompétente des fonctionnaires dans l'économie".
Il a souligné que la tâche fixée par le président Poutine "de doubler le PIB en 10 ans n'était pas possible dans un contexte politique populiste et interventionniste".
(AFP via Voilà!, 28.12.2004)
Derniers développements
|
L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
|
|