Après avoir affirmé, preuves à l'appui, que les nouveaux propriétaires de Iouganskneftegaz étaient des membres de l'équipe de Vladimir Bogdanov, le patron de Sourgout, la presse russe relance aujourd'hui l'hypothèse Gazpromneft.
J'avoue être quelque peu perdue dans ces conjectures.
Hier, on a appris que Gazprom approuvait la vente - à un acquéreur là encore inconnu - de toutes ses parts de la compagnie Gazpromneft née de la fusion de Rosneft avec les actifs pétroliers de Gazprom (qui appartenait entièrement à Gazprom, et dont les directeurs sont Bogdanchikov et Igor Sechine).
Le plus curieux est que le communiqué officiel indique que cette vente ne modifie en rien les projets de Gazprom quant à son développement dans le secteur pétrolier. Là j'ai vraiment du mal à comprendre.
D'après les rumeurs de couloir, cette décision serait inattendue même pour les managers de Rosneft.
Les journalistes en déduisent que ce pourrait être pour Gazprom une façon de se séparer formellement de Gazpromneft, afin de se mettre à l'abri des poursuites des tribunaux américains, au cas où Gazpromneft serait bien le nouvel acquéreur de de Iouganskneftegaz.
Il est possible également que ce soit le résultat de la mésentente qui règne, depuis le début de la fusion, entre la direction de Gazprom et celle de Rosneft. De plus, il paraîtrait qu'à l'instar du ministre Herman Gref, le patron de Gazprom Miller ait toujours été opposé à l'achat de la filiale de Ioukos (voire au démantèlement de l'entreprise de Khodorkovski). Tandis que Sechine et Bogdanchikov sont couramment présentés comme étant les commanditaires de l'expropriation de Mikhaïl Khodorkovski.
Mais quel serait dans ce cas le rôle joué par Sourgout et Bogdanov dans cette affaire? Et d'où Gazpromneft tirerait-il les neuf milliards de dollars nécessaires à cette acquisition? Ce nouveau tournant du feuilleton Yukos fait naître plus d'énigmes qu'il n'en résout, d'autant plus que sur le plan de la logique économique et même simplement géographique, l'absorption de Iougansk par Sourgout semblait préférable, et que c'était en outre de toute évidence le voeu le plus cher des employés de Iougansk.
Mais il est vrai que comme a dit le poète, "On ne comprend pas la Russie par la raison"...
Une seule chose est sûre - ces rumeurs et ces incertitudes, ainsi que les fluctuations boursières qui en résultent (et qui portent cette fois sur les actions de Gazprom) ne sont pas faites pour rassurer les investisseurs et redorer l'image de Moscou comme place financière...