12.10.06
Aujourd'hui à Paris, sur le parvis de Notre-Dame, s'est tenu un rassemblement à la mémoire d'Anna Politkovskaïa, journaliste russe assassinée samedi dernier. Discours émus et indignés d'André Glucksmann, Bernard Henri Levy, Jane Birkin, Marie Mendras, d'autres encore. Portraits, fleurs. Et un sentiment partagé par tous de rage et d'impuissance.
Depuis sa prison sibérienne Mikhaïl Khodorkovsky a également envoyé ses condoléances. Juste quelques mots. Le reste sonnerait faux.
Chacun connaît - ou du moins devrait connaître - le combat acharné d'Anna Politkovskaïa pour la défense des populations civiles de Tchétchénie. En témoignent encore aujourd'hui ses livres, alors même que sa voix s'est tue. Mais peu sont au courant de ses prises de position sur l'affaire Yukos, que je voudrais rappeler ici.
Peu susceptible d'indulgence avec les oligarques, Anna Politkovskaïa avait pourtant résolument pris la défense de Mikhaïl Khodorkovsky après son arrestation, expliquant infatigablement aux journalistes occidentaux que l'homme d'affaire avait été jeté en prison non à cause de ses malversations passées, mais à cause de son soutien présent aux Organisations de Défense des Droits de L'Homme. Durant l'été 2005, Politkovskaïa avait même fait la grève de la faim par solidarité avec celle de Khodorkovsky, qui protestait alors contre la punition infligée à son ami et co-détenu Platon Lebedev. Enfin, en avril dernier, Anna Politkovskaïa avait dévoilé dans un de ses articles un complot visant à assassiner Mikhail Khodorkovsky dans sa prison, au cours d'une tentative d'évasion qui aurait mal tourné. L'article d'Anna Politkovskaïa avait à l'époque suscité les moqueries de l'ensemble de ses collègues. Quinze jours plus tard cependant, Khodorkovsky était effectivement victime d'une provocation - selon un scénario différent il est vrai.
L'assassinat d'Anna Politkovskaïa était la chose à la fois la plus prévisible et la plus invraisemblable qui soit. Devant son courage extraordinaire, on avait pris l'habitude de se rassurer - "ils" n'oseront pas : elle est tellement célèbre! Sa notoriété la protège... Hélas. Le vieux réflexe hérité de la période brejnevienne nous a joué un bien mauvais tour. Il est temps de comprendre qu'aujourd'hui en Russie TOUT est possible.
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Thank you very much for your blog. As recent events have shown liberties are under attack in Russia. The black times of KGB are back. Sorry for writing in english. I understand french but i feel more confortable writing in english , tought I am portuguese and I live in portugal.
# publié par
Obseervador :
1:50 AM
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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