17.3.06
Aujourd’hui, les comptes de l’ONG « Russie Ouverte», dont Mikhail Khodorkovsky est le président, ont été bloqués par la banque Trust sur la demande des huissiers, ce qui signifie pour l’ONG la paralysie immédiate et totale de ses activités. L’administratrice de l’ONG Irina Yassina a déclaré qu’il n’y avait que peu d’espoir que les comptes soient prochainement débloqués.
Par ailleurs, aujourd’hui Mikhail Khodorkovsky et l’un de ses co-détenus ont été envoyés au cachot pour une semaine, pour avoir été surpris à boire une tasse de thé hors de l’endroit prévu par le règlement. Bien que le Tribunal Suprême de Russie ait accordé aux avocats de Mikhail Khodorkovsky le droit de rendre visite à leur client y compris durant les heures de travail des prisonniers, la direction de la colonie pénitentiaire de Krasnokamensk continue de leur interdire toute rencontre avant 18 heures. Aussi, pour avoir le temps de s’entretenir avec ses avocats, Khodorkovsky est obligé de sauter le repas du soir. Hier donc, après huit heures de travail en atelier et trois heures de travail avec ses avocats, le détenu Khodorkovsky est revenu dans son baraquement et s’est fait une tasse de thé pour remplacer son diner, invitant un de ses voisins de chambrée. Le gardien a aussitôt dressé un procés verbal et le lendemain, la commission disciplinaire du camp a condamné les deux contrevenants à une semaine de cachot.
On a appris également que le directeur de la colonie pénitentiaire, le trop peu docile Alexandre Evrastov, a été mis a pied et remplacé par l’un de ses anciens subordonnés. Ce dernier a visiblement souhaité marquer par ce coup d’éclat son entrée en fonction.
Hasard ou coïncidence – trois jours auparavant le premier quotidien du pays, la Komsomolskaya Pravda avait publié un long article reprenant les principaux points d’un texte écrit en octobre dernier par Mikhail Khodorkovsky. Dans ce texte, intitulé «Virage à gauche -2 » Khodorkovsky proposait un programme de développement de la Russie sur 12 ans. Les journalistes de la Komsomolskaya Pravda invitaient les ministres du gouvernement à s’inspirer de ce plan et terminaient par ces mots « le pouvoir a privé Mikhail Khodorkovsky de ses richesses et de sa liberté, mais pas de son bon sens ».
Il est dès lors permis de se demander si les brimades répétées et absurdes que les autorités du camp font subir au détenu Khodorkovsky n’ont pas pour but de lui ôter la dernière chose qui lui reste encore…
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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