Le site du centre de presse de l'ex-PDG du groupe pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski publie en ligne une lettre d'intellectuels russes qui dénonce
la «loyauté» de l'Occident envers Moscou et appelle ses leaders à revoir leur politique.
«L'attitude loyale des pays de l'Union européenne face au régime répressif qui s'est installé en Russie - avec le pouvoir absolu des services secrets, la soumission du système judiciaire au pouvoir exécutif et personnellement à Vladimir Poutine, une répression de l'opposition - permet le retour en Europe de nouveaux dictateurs», mettent en garde les signataires de cette «Lettre aux chefs d'Etat étrangers». Elle est personnellement adressée aux présidents américain George W. Bush et français Jacques Chirac, à la chancelière allemande Angela Merkel, aux Premiers ministres britannique Tony Blair et italien Silvio Berlusconi.
Parmi les signataires, l'écrivain Lioudmila Oulitskaïa, le défenseur des droits de l'homme Sergueï Kovalev, l'ex-champion d'échecs Garry Kasparov, Vitali Guinzbourg, Prix Nobel de physique en 2003, ou Lioudmila Alexeeva aujourd'hui à la tête des organisations non gouvernementales Memorial et Groupe Helsinki de Moscou. «Nous sommes convaincus que la condamnation de Soutiaguine, Danilov, Trepachkine, Mourtazalieva, Khodorkovski et Lebedev sont motivées politiquement et sont des actions destinées à effrayer la société», écrivent-ils.
Mikhaïl Khodorkovski, condamné à huit ans de prison pour fraude fiscale comme son associé Platon Lebedev. Les chercheurs Igor Soutiaguine et Valentin Danilov purgent des peines de 13 et 15 ans dans des affaires d'espionnage censées, selon les ONG, effrayer les chercheurs russes soucieux de coopérer avec l'étranger. Mikhaïl Trepachkine, consultant juridique des victimes de la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka en octobre 2002 à Moscou, a été condamné à quatre ans de prison pour divulgation de secret d'Etat. Et la Tchétchène Zara Mourtazalieva a été condamnée à neuf ans de prison pour « tentative d'attentat » dans un procès décrié par les ONG comme ayant été fabriqué.
A lire en russeLibération, le 17.11.2005