MOSCOU - Le fondateur de la compagnie pétrolière Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, qui purge une peine de huit ans de prison, a accusé vendredi le président russe Vladimir Poutine de diriger un système «parasite». Pour lui, il est incapable de moderniser la Russie.
Dans une tribune écrite de sa prison sibérienne et publiée par le quotidien «Kommersant», l'ancien oligarque estime qu'il est temps d'en finir avec un système politique fondé sur l'obéissance aveugle.
«Le Kremlin choisit ses serviteurs selon le seul critère de la loyauté et de la docilité à 100%. Mais une personne compétente ne peut être docile à 100%, ça, c'est le sort réservé à ceux qui sont dénués de talent et seulement motivés par l'argent», écrit-il.
«Cette approche parasitaire ne fonctionne plus. Notre pays n'est pas capable d'être compétitif et la marge de sécurité issue de l'Union soviétique ne suffit plus», estime-t-il.
Pour sortir de cette crise, Khodorkovski prône un changement institutionnel avec l'établissement d'un système fédéral présidentiel et parlementaire rééquilibrant les pouvoirs entre le Kremlin et les régions.
Il présente un programme de modernisation d'ici 2020. Il suggère de «légitimer les privatisations» controversées des années 1990 pour «les rendre justes» aux yeux du peuple par un impôt spécial payé en une seule fois par les entreprises privatisées à hauteur de leur chiffre d'affaires enregistré l'année de la privatisation.
«On ne peut pas dire que les privatisations des années 90 ont été économiquement inefficaces Mais elles ont été inefficaces politiquement et socialement parce que 90% du peuple russe les juge injustes», explique M. Khodorkovski qui calcule que la procédure de légitimation devrait rapporter entre 30 et 35 milliards de dollars.
Edicom, 12.11.2005