12.4.05
Alors que son s'est achevé et que le jugement sera rendu le 27 avril, l'ex-patron du Ioukos dénonce "une parodie de justice" et son avocat s'en prend à Gerhard Schroeder.
« Parodie de justice » ? Alors que s'est achevé aujourd'hui lundi dans la confusion la phase d'instance de l'affaire Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, l'ex-patron du groupe pétrolier russe et principal accusé, s'est plu à dénoncer un procès « monté de toutes pièces » par une « bureaucratie criminelle », où le parquet « n'a prouvé aucun chef d'accusation ». Pour sa part et au même moment, dans une interview parue dans la presse outre-Rhin l'avocat de Khodorkovski, maître Robert Amsterdam, a dénoncé dans sa plaidoirie la « complicité de Gerhard Schroeder ». Selon le défenseur, le Chancelier allemand a ainsi participé indirectement « à un vol commis par l'Etat russe » en cautionnement le dépeçage de Ioukos par la Deutsche Bank et la Dresdner Kleinwort Wassertein (DKW), mandatées l'une et l'autre par les autorités russes pour chiffrer la valeur de la fameuse filiale tant convoitée, Iouganskneftegaz. Quoi qu'il en soit, le verdict de ce procès-fleuve qui passionne la Russie depuis neuf mois connaîtra son épilogue le 27 avril avec le prononcé du jugement.
Arrêté à l'automne 2003, puis poursuivi dans la foulée pour « escroquerie et fraude fiscale à grande échelle », Khodorkovski et son acolyte, Platon Lebedev (qui présidait en son temps Menatep, la holding de contrôle de Ioukos) risquent gros. Très gros, même. De l'ordre de dix ans de prison ferme pour le premier, qui eut surtout le tort de faire de l'ombre au maître du Kremlin en se montrant trop indépendant du pouvoir moscovite. Car, c'est un fait avéré, le procès de l'ancien dirigeant du numéro un pétrolier russe est avant tout politique. Mikaïl Kodorkovski, 41 ans, n'a en effet jamais compté parmi les soutiens du président Poutine. C'est même tout le contraire, puisque avant sa disgrâce, l'oligarque soutenait activement l'opposition libérale ; au point même de vouloir peser personnellement dans la vie publique du pays.
Khordorkovski doit sa fortune à la vague désordonnée de privatisations qui ont fleuri en Russie au début des années quatre-vingt dix après l'avènement d'Elstine. Aujourd'hui, il n'a plus rien. Le groupe, qu'il avait porté au firmament (sa valeur boursière a été multipliée par 120 entre cinq ans !), a été démantelé. Ses actifs stratégiques sont désormais aux mains de l'Etat. La boucle est bouclée. Ioukos est rentré dans le rang et avec lui son encombrant dirigeant.
(Lu dans L' Expansion, 11.4.2005)
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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