14.12.04
La série des réclamations fiscales faites à des sociétés russes importantes la semaine dernière a eu un impact négatif sur la cotation des titres russes, soutiennent les experts.
Ainsi, le 8 décembre le fisc a communiqué à VympelCom un procès verbal préalable à la vérification de sa déclaration fiscale pour 2001. Dans le document il s'agit d'une dette s'élevant à 4,4 milliards de roubles (1 dollar US - 28,12 roubles). Le 9 décembre, on a appris l'existence d'un document analogue concernant la filiale nord-ouest de Megafon, toujours pour 2001 et pour un montant de 110 175 000 millions de roubles. Toujours le 9 décembre, les organes fiscaux ont présenté des réclamations au niveau de 3,2 milliards de roubles à Tomskneft, filiale de Ioukos. Le 10 décembre, ils ont communiqué un procès-verbal de vérification des comptes pour 2001 et 2003 portant sur 12,5 milliards de roubles d'impôts impayés, cette fois à Samaraneftegaz, une autre filiale de Ioukos.
Les experts soulignent qu'après l'annonce des réclamations fiscales adressées à des sociétés importantes les actions russes ont chuté rapidement la semaine dernière. Ainsi, l'indice RTS a reculé de plus de 44 points en passant de 591,58 le 6 décembre à 546,72 points le 10 décembre.
"On craint principalement, aujourd'hui, de nouvelles réclamations fiscales qui peuvent être introduites contre des compagnies russes importantes", estime le chef du service analytique de la société d'investissement Zerich, Nikolaï Podlevskikh. A titre d'exemple du mois courant il a cité Tomskneft, Samaraneftegaz, VympelCom, Megafon et a évoqué le rapport de la Cour des comptes sur les résultats des privatisations dans lequel on parle de "certaines violations d'une époque révolue".
"Il serait utile d'inciter tout le monde à se rappeler si tous les impôts dus ont été réglés", estime l'expert. "Le contexte lugubre dans lequel s'achève l'année sera difficile à dissiper même par des versements massifs de fonds budgétaires à l'occasion du Jour de l'An et par l'animation qui accompagne la fête", estiment les spécialistes de Zerich.
Un analyste d'Interfintrade, Pavel Bezdetnov, parle de la "régularité enviable" avec laquelle les organes fiscaux continuent à faire des annonces qui ont un effet négatif sur le marché. Aujourd'hui c'est le tour de VympelCom et de Megafon. "Qui est le suivant ? s'interroge-t-il.
Les experts signalent que vendredi, après un recul marqué des actions russes, les investisseurs nationaux ont tenté de renouveler leurs achats.
Cependant, ils ont appris dans l'après-midi que Samaraneftegaz, filiale de Ioukos, s'était vu présenter 12,5 milliards de roubles de réclamations fiscales pour 2001 et 2003 sans compter 8,5 milliards de roubles pour 2002. A l'annonce de la nouvelle, l'action du groupe pétrolier a tout de suite plongé de 17% tandis les autres blue chips ont connu des ordres de vente massifs.
Autre raison de se débarrasser des actifs russes : trois demandes de participations aux enchères sur les 76,79% des actions de Iouganskneftegaz ont été introduites vendredi auprès du Service fédéral anti-monopole.
Résultat : l'indice RTS a clôturé en baisse de 0,11%, à 545,52 points, et l'indice MMVB a reculé de 0,55%, à 495,24 points. De l'avis des experts, c'est le comportement des autorités fiscales qui a été la cause première des attentes pessimistes des investisseurs vendredi dernier.
"Les investisseurs espéraient qu'il n'y aurait plus de nouvelles négatives cette semaine. Hélas ! dans l'après-midi le fisc a rappelé que c'était maintenant lui qui gérait le marché des valeurs", souligne l'analyste d'Interfintrade Pavel Bezdetnov, commentant la réaction du marché à l'annonce des nouvelles réclamations fiscales contre les filiales de Ioukos.
Le directeur du service analytique de la maison de courtage NetTrader.ru, Alexandre Potavine, estime qu'après le week-end prolongé une certaine croissance est possible sur le marché parce que vendredi la chute des cotes s'accompagnaient de chiffres d'affaires peu importants et du faible intérêt des non-résidents. "Au fur et à mesure que les enchères de Iouganskneftegaz approchent, la différence des cours peut s'élargir", a ajouté l'expert.
Les spécialistes de la société d'investissement Olma s'attendent à une hausse légère des cotes dans la limite d'un réajustement technique. "La situation extérieure somme toute favorable est propice à la hausse mais, à court terme, il y a le risque d'une relance des ventes de titres russes par les investisseurs étrangers et, par conséquent, d'une chute du marché", affirment-ils.
Lundi, à 11h30, heure de Moscou, l'indice RTS avait reculé de 0,11%, à 545,52 points, et l'indice MMVB avait rebondi de 2,58% par rapport à la clôture la veille, à 508,03 points. A 12h30, les indicateurs boursiers affichaient 1,14% et 2,24% de hausse, à 551,73 et 506,34 points respectivement.
Les titres liquides sur ces places ont clôturé en progression de 1,5 à 3,4% et 0,4 à 5,4% respectivement. La plus forte hausse a été enregistrée par l'action de Lukoil (RTS) et celle de Norilski Nickel (à MMVB). Le gain le plus faible a été réalisé par EES ROSSI et Mosenergo.
( Novosti, 14.12.2004)
Derniers développements
|
L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.

M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice

|
|