Les grands actionnaires de Ioukos ont menacé mardi de poursuivre les banques occidentales qui prêteraient de l'argent au groupe gazier Gazprom pour lui permettre de participer aux enchères afin d'acheter la principale filiale de production du géant pétrolier, Iouganskneftegaz.
Tim Osborne, directeur exécutif du groupe Menatep, un holding réunissant les principaux propriétaires de Ioukos, a déclaré à l'AFP que des poursuites pourraient être engagées dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne.
"Vu que tous connaissent la situation de Ioukos, nous considérons que les banques aideront (de ce fait) un acheteur tout en étant conscientes que celui-ci ne peut être dans son bon droit", a dit M. Osborne, interrogé par téléphone à Londres.
"En tant que directeurs, nous avons l'obligation de défendre les actifs de notre compagnie et d'en sauvegarder la valeur pour nos actionnaires. Ainsi, nous n'avons pas d'autre choix que de chercher à réparer tous les dommages causés par des gens qui le font consciemment", a-t-il ajouté.
Gazprom négocie actuellement avec un consortium de banques, principalement européennes, un prêt de dix milliards d'euros (13,3 mds USD) pour tenter d'acquérir Iouganskneftegaz, le joyau de Ioukos, le 19 décembre prochain.
Le consortium, conduit par la première banque allemande Deutsche Bank, comprendnotamment ABN Amro (Pays-Bas), BNP Paribas et Calyon (France), Dresdner Kleinwort Wasserstein (Allemagne) et JP Morgan (USA), a indiqué une source informée à l'AFP la semaine dernière.
Le directeur de Menatep a ajouté que, s'il remportait les enchères, Gazprom serait également l'objet de poursuites en justice.
76,8% des actions de Iouganskneftegaz, la filiale qui extrait 62% du brut de Ioukos seront mises en vente en un seul lot à un prix de départ de 246,75 milliards de roubles (8,65 milliards de dollars) afin d'éponger une partie de la dette fiscale du groupe.
Gazprom devrait selon toute vraisemblance remporter les enchères grâce à l'appui du pouvoir, estiment l'ensemble des analystes.
Trois sociétés se sont déjà portées candidates.
Le candidat officiel le plus important est Gazpromneft, la filiale pétrolière de Gazprom récemment créée. Les deux autres sont les sociétés Intercom et First Venture Company, selon le service anti-monopole russe.
Selon l'agence Interfax, citant des sources au sein de Gazprom, les trois sont en fait liées au géant gazier.
Les dépôts de candidatures seront acceptés jusqu'au 18 décembre, veille des enchères.
(AFP via
Le Revenu, 13.12.2004)