9.12.04
La mise aux enchères de la principale filiale du pétrolier russe Ioukos, Iouganskneftegaz, est "illégale" et procède de l'"expropriation", ont affirmé jeudi les avocats de Mikhaïl Khodorkovski, le propriétaire de Ioukos, actuellement derrière les barreaux.
La vente de Iouganskneftegaz constitue "une OPA massive et hostile signée Gazprom depuis le début", a déclaré Robert Amsterdam, conseiller juridique de M. Khodorkovski, lors d'une rencontre avec la presse internationale.
Le 19 décembre prochain, 76,8% des actions de la compagnie, qui produit plus d'un million de barils de brut par jour (mbj), doivent être mises aux enchères pour une mise de départ de 8,65 milliards de dollars afin d'éponger une partie de la colossale dette fiscale de Ioukos.
Le géant gazier russe Gazprom s'est dit le mois dernier désireux de prendre part aux enchères afin de faire de sa filiale pétrolière, Gazpromneft, un poids lourd capable de rivaliser avec BP, Shell ou ExxonMobil.
"Peu importe s'il y a quelqu'un d'autre qui fait une offre. Le Vatican pourrait faire une offre sur ces actifs, ils n'en resteraient pas moins des biens volés", a ajouté M. Amsterdam.
Les avocats de M. Khodorkovski, arrêté en octobre 2003 après avoir été notamment accusé de "fraude fiscale et escroquerie à grande échelle", ont aussi critiqué le "double langage" des "dirigeants occidentaux qui condamnent les violations des droits de l'Homme dans d'autres pays, mais qui font l'autruche devant la situation en Russie".
"Nous assistons à la destruction d'une compagnie par les dirigeants politiques, non pas à la promotion d'un champion national comme dans certains pays européens tels que la France", se produisant "sous les applaudissements des dirigeants occidentaux qui parlent de droits de l'Homme en public et de pétrole en privé", a dit M. Amsterdam.
Pour Youri Schmidt, l'avocat russe de M. Khodorkovski, le régime du président Vladimir Poutine est "autocratique, monopolistique et je dirais même dictatorial".
"La situation est menaçante non seulement pour les droits de l'Homme et la Russie, mais pour le monde dans son ensemble", a-t-il affirmé.
Les deux juristes ont comparé le procès de M. Khodorkovski à une "farce", les témoins appelés à comparaître par la défense ayant, selon eux, été soit mis en prison soit contraints à l'exil.
Le redressement fiscal de 157 millions de dollars visant le deuxième opérateur russe de téléphonie mobile, Vimpelcom, constitue un "deuxième Ioukos", ont estimé les avocats, qui ont appelé les investisseurs étrangers à ne pas placer leur argent en Russie.
(AFP via Wanadoo News, 9.12.2004)
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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