1.12.04
Les autorités russes tentent de bloquer la tenue de l'assemblée d'actionnaires de Ioukos car celle-ci pourrait voter la liquidation du groupe pétrolier russe, apprend-on mercredi de sources proches du dossier.
Moscou a fait pression le week-end dernier sur M-Reestr, préposé au registre pour le compte de Ioukos, pour qu'il n'aide pas le groupe à préparer l'assemblée générale extraordinaire du 20 décembre, a indiqué une des sources.
Ce jour-là, les actionnaires devraient se prononcer sur le dépôt de bilan du groupe, voire sa liquidation.
Le Kremlin chercherait à éviter ce dernier cas de figure où il serait bien plus difficile à l'État russe de prendre le contrôle des actifs de Ioukos, estiment des analystes, puisque l'État deviendrait alors un créancier parmi les autres. Selon la législation russe, une société peut décréter sa liquidation sans devoir en référer à la justice.
En revanche, dans le cas d'un dépôt de bilan, l'aval du tribunal est requis, et certains estiment que le Kremlin pourrait alors influencer les magistrats.
Le fisc russe réclame au géant pétrolier près de 25 milliards de dollars d'arriérés d'impôts. Le gouvernement a annoncé qu'il vendrait aux enchères le 19 décembre la principale filiale de production du groupe, Iougansk, avec un prix de départ d'environ neuf milliards de dollars, pour récupérer une partie des sommes qui lui sont dues.
Nombre d'observateurs voient dans les démêlés de Ioukos avec le fisc une reprise en main du groupe par le Kremlin, qui cherche aussi à casser les ambitions politiques du fondateur de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovsky, aujourd'hui jugé pour fraude et évaision fiscale.
M-Reestr et Ioukos ont refusé de faire un commentaire.
Claire Davidson, porte-parole de Iojkos, a déclaré pour sa part que "Ioukos fera tout ce qui est en son pouvoir pour satisfaire aux conditions légales en rapport avec l'AG".
Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du bureau du Procureur général.
Les documents légaux pour l'AG ont bel et bien été envoyés mardi aux actionaires, mais Ioukos et M-Reestr craignent maintenant que les autorités ne cherchent à perturber le vote, en saisissant par exemple du matériel informatique chez M-Reestr, comme les huissiers l'avaient déjà fait au mois de juillet.
"Le mandataire court un grand risque. Il pourrait de nouveau subir une perquisition", ont indiqué les sources.
(Dépèche Reuters lue dans Le Matin le 1.12.2004)
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Commentaire :
Cela me parait assez scandaleux !
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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