16.12.04
L'ancien patron de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, en détention préventive depuis plus d'un an, a accusé jeudi le pouvoir d'avoir conduit le numéro un du pétrole russe à la destruction, ne laissant plus d'autre choix à sa direction que d'en appeler aux procédures de faillite.
La direction de Ioukos a demandé mercredi à ce que la compagnie soit placée sous la protection de la loi américaine sur les faillites pour tenter de stopper la vente aux enchères du joyau du groupe, Iouganskneftegaz, prévue dimanche.
Une telle évolution des évènements "est affligeante", a relevé M. Khodorkovski dans un communiqué transmis par ses avocats.
Mais les dirigeants étrangers et le conseil d'administration de Ioukos "ont fait plus que ce que l'on pouvait attendre d'eux pour sauver le groupe et maintenant ils protègent leur réputation", a ajouté le milliardaire.
En revanche, estime-t-il, il est difficile de comprendre "le pouvoir qui manifeste une incapacité et un manque de volonté à agir dans l'intérêt du pays". Il "a conduit la compagnie vers la destruction et les marchés financiers à la stagnation dans une conjoncture économique favorable", dénonce le milliardaire russe, principal actionnaire du groupe, incarcéré sous l'accusation de fraudes fiscales et en cours de jugement.
Le géant pétrolier, dont la valeur boursière s'élevait à l'automne 2003 à plus de 41 milliards de dollars, ne vaut plus aujourd'hui que 1,8 milliard de dollars.
La campagne judiciaire visant Ioukos est considérée en Russie comme ayant été inspirée par le Kremlin pour punir "l'oligarque" Khodorkovski, jugé trop puissant et trop indépendant et qui affichait des ambitions politiques.
Le numéro un du pétrole russe a fait appel aux procédures de faillite aux Etats-Unis, au titre du Chapitre 11 qui permet à un débiteur de présenter un plan de "réorganisation" pour faire face à ses créances, et de rester parallèlement en possession de ses actifs.
Le tribunal des faillites de Houston (Texas) a commencé mercredi à examiner la demande de Ioukos et poursuivait ses auditions jeudi.
La plupart des analystes estiment que la décision de la justice américaine n'empêchera pas la vente prévue dimanche.
Mais "l'internationalisation de la dispute" risque certainement de ternir un peu plus l'image de la Russie, souligne Andrew Neff du Centre d'analyse des marchés mondiaux. Et de pousser les banques occidentales "à y réfléchir à deux fois avant de prêter" de l'argent au présumé futur acquéreur.
Gazprom, la compagnie du gaz dont l'Etat russe est le premier actionnaire et autour de laquelle il aimerait constituer un géant semi-public des hydrocarbures, est le principal candidat au rachat.
AFP via Voila, 16.12.2004
Derniers développements
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L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
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