La peine de prison de l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovsky qui voulait entrer en politique a été réduite jeudi de neuf à huit ans par la justice russe.
La peine de prison de Mikhaïl Khodorkovsky a été réduit jeudi 22 septembre à huit ans au lieu de neuf par la justice russe mais après ce dernier recours d'appel de condamnation, les espoirs de ceux qui voulaient voir l'ex-oligarque entrer en politique en briguant un poste de député en décembre sont tombés.
La culpabilité de Mikhaïl Khodorkovsky, condamné en mai pour fraude fiscale et escroquerie à grande échelle, a été confirmé par le verdict du tribunal de Moscou, après avoir examiné en un jour le dossier d'appel, alors que la durée du procès avait été de onze mois et le verdict avait traîné pendant deux semaines.
Un tribunal entièrement satisfaitAprès 50 minutes de délibération le juge Viatcheslav Tarassov a annoncé que "la condamnation est réduite à huit ans" une diminution d'un an, grâce à la levée d'un point du dossier (concernant des transferts d'argent au profit de l'homme d'affaires Vladimir Goussinsky, aujourd'hui en exil).
Il en a été de même pour Platon Lebedev, le plus proche associé de Mikhaïl Khodorkovsky, jugé dans le même temps.
"Le tribunal a jugé la condamnation légale, fondée et juste" a déclaré Dmitri Chokhine, le procureur, affichant une totale satisfaction devant les journalistes.
"Un acte de pure propagande" La défense a pour sa part annoncé qu'elle continuerait à contester, d'abord devant le praesidium du Tribunal municipal de Moscou puis devant la Cour suprême.
La réduction de la peine est "un acte de pure propagande" selon l'avocat Iouri Chmidt qui dénonce l'examen d'appel comme "une parodie de justice".
L'homme d'affaires devrait donc être envoyé "dans une colonie pénitentiaire à régime ordinaire" rapidement car la condamnation peut dès à présent entrer en vigueur et en conformité avec le verdict prononcé le 31 mai.
Des juges soumis au parquet généralEcartant un baron des affaires jugé par le Kremlin trop influent et démentelant le numéro un du pétrole russe Ioukos pour le faire revenir dans le giron de l'Etat, ici c'est joué le dernier acte d'une série politico-financière de près de deux ans.
Perçu comme l'homme le plus riche de Russie avant son arrestation d'octobre 2003, Mikhaïl Khodorkovsky, 42 ans, avait été condamné au terme d'un procès considéré comme largement politique, où les demandes du parquet général avaient été suivies à la lettre par les juges.
Selon les termes de Guenrikh Padva, principal avocat de l'ex-patron de Ioukos, la défense a présenté en appel "une requête d'une centaine de pages" dans laquelle elle dénonçait un verdict "tendancieux (...) violant la Constitution et la loi".
Un opposant réformateur sérieux évincé?Le rejet de l'appel ruine les espoirs de ceux qui pensaient, comme la libérale Irina Khakamada, qu'il pouvait devenir un opposant réformateur sérieux au clan des pro-Poutine et voulaient voir Mikhaïl Khodorkovsky entrer le plus rapidement possible en politique.
La candidature de l'ex-oligarque avait déjà été déposée suite à son intention de briguer un mandat de député dans une législative partielle prévue en décembre dans une circonscription de Moscou. Cependant la confirmation de la condamnation lui interdit désormais de se porter candidat.
"Condamné dans le mépris de la loi" "Certaines personnes au sommet du pouvoir ont fait pression sur les juges (...) pour que le verdict entre en vigueur le plus vite possible afin d'empêcher Mikhaïl Khodorkovsky d'être candidat aux élections", a accusé l'avocat.
Malgré une tentative du juge d'interrompre Mikhaïl Khodorkovsky, lors des audiences de jeudi, au motif qu'un tribunal n'était "pas le lieu pour des déclarations politiques" ce dernier a déclaré qu'on le maintiendrait en prison tant que la peur vis-à-vis de l'opposition l'emportera sur la confiance (...). Les gens doivent comprendre que j'ai été condamné dans le mépris de la loi".
(
Le Nouvel Obs, le 23.09.2005)