26.11.04
Le conseil d'administration du géant pétrolier russe Ioukos ne soumettra pas à ses actionnaires le 20 décembre prochain de plan anti-crise et leur laissera le choix entre deux options: la liquidation immédiate ou le dépôt de bilan.
"Le plan existant ne pourra être appliqué au vu de la vente annoncée des actions de Iouganskneftegaz", la principale filiale du groupe prévue le 19 décembre, d'un redressement fiscal de près de 6 milliards de dollars pour 2003 et en "l'absence de réponse du gouvernement aux nombreuses propositions de compromis soumises par la compagnie", a conclu le conseil d'administration qui s'est réuni jeudi. Mardi, la direction de Ioukos, réunie à Londres avait abouti à la même conclusion.
La direction n'a pas examiné le projet de plan anti-crise qui devait porter sur la période 2005 à 2009 et s'est engagée à préparer un "plan d'urgence", "destiné à prévenir des incidents techniques et des tensions sociales dans les filiales de la compagnie", précise un autre communiqué, émanant de la direction du groupe.
Le communiqué dénonce également "la pression extraordinaire" exercée dernièrement sur la direction de Ioukos par le parquet général et reconnaît qu'il est devenu difficile dans ces conditions de gérer la compagnie.
Selon des informations du Financial Times publié jeudi, les dirigeants du groupe pétrolier en très grande difficulté avec la justice russe, auraient fui la Russie de peur d'être arrêtés, ce qui pourrait déboucher sur une paralysie du groupe.
Le directeur financier du groupe, l'américain Bruce Misamore, a précisé qu'il avait reçu une convocation de la justice russe à laquelle il ne s'était pas rendu, selon plusieurs journaux.
L'action Ioukos, qui valait encore 16 dollars en octobre 2003, a perdu plus de 60% de sa valeur depuis l'annonce vendredi de la vente de 76,8% des actions de Iouganskneftegaz, la principale filiale de production de Ioukos. Elle a plongé de plus de 30% jeudi en cours de séance sur la principale place boursière moscovite, le RTS, et valait moins d'un dollar.
Les investisseurs n'espèrent plus depuis cette annonce d'accord de dernière minute avec le pouvoir.
Les autorités russes ont organisé des enchères le 19 décembre prochain pour vendre la principale filiale du premier producteur russe de pétrole Ioukos, Iouganskneftegaz, afin d'éponger une partie de la dette fiscale du groupe, s'élevant à 24,3 milliards de dollars (pour les années 2000 à 2003).
Ces enchères pourraient être le prélude au démantèlement complet du groupe. Le PDG de Ioukos, Steven Theede, avait réagi à l'annonce de ces enchères en dénonçant "un vol organisé par le gouvernement à des fins politiques".
(Dépèche AFP lue dans le Journal du Net, le 26.11.2004)
Derniers développements
|
L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe
YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire
de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003,
il a été condamné à l'issue d'un
procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.
M. Khodorkovsky durant son procès
Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine.
La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont
reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire
YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions
libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté
aux partis d'opposition lors des dernières élections. Parallèlement, la
compagnie YUKOS dont il était également le principal
actionnaire a été soumise à des redressements
fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de
prétexte à confiscation de la plupart des actifs de
la société. Pour tenter de pallier un
certain déficit d'information en langue française, je me
propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une
couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme
"le procès du siècle".
L'Observatrice
|
|