
'ancien oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski est arrivé, mardi 3 mars, au tribunal de Khamovnitcheski à Moscou, où il devra répondre de détournement de fonds et blanchiment d'argent. Le parquet accuse Mikhaïl Khodorkovski, 45 ans, et son associé Platon Lebedev, d'avoir détourné près de 900 milliards de roubles (20 milliards d'euros) et blanchi 500 milliards de roubles, entre 1998 et 2003, des charges qui pourraient lui valoir vingt-deux années supplémentaires derrière les barreaux.
Ce procès sera un test de la volonté affichée par le président russe, Dmitri Medvedev, de réformer un système judiciaire corrompu, estime la défense de l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos. Autrefois l'homme le plus riche de Russie, Mikhaïl Khodorkovski, qui comparaît pour une audience préliminaire, a déjà purgé dans la prison de Tchita, en Sibérie, près de la frontière chinoise, la moitié des huit ans de prison auxquels il a été condamné en 2005 pour évasion et fraude fiscales. Il n'était plus venu dans la capitale russe depuis la fin 2005.
"TOUT EST FAIT POUR QU'IL NE SORTE PAS"
L'homme aux fines lunettes et aux cheveux ras, aujourd'hui âgé de 45 ans, est souvent présenté par les détracteurs du Kremlin comme un prisonnier politique, coupable avant tout d'avoir affiché trop d'indépendance et d'ambitions politiques face à Vladimir Poutine.
"Sans ce deuxième procès, Mikhaïl Khodorkovski devait retrouver la liberté en 2011, un an avant la prochaine élection présidentielle. Aujourd'hui, tout est fait pour qu'il ne sorte pas de prison", rappelle Marie Jégo, correspondante du Monde à Moscou.
Le procureur général Iouri Tchaïka estime que la culpabilité de MM. Khodorkovski et Lebedev ne fait "aucun doute". Ce procès intervient un an après l'élection au Kremlin de Dmitri Medvedev, dont l'attitude dans ce dossier reste floue et dont certains continuent d'attendre plus d'indulgence que de son prédécesseur Vladimir Poutine.
"C'est un cas d'une grande importance parce qu'il dira à chacun de nous où va la Russie", a déclaré Robert Amsterdam, l'avocat de Mikhaïl Khodorkovski, joint par téléphone à Londres. "Le fait que le président russe ait dénoncé le nihilisme judiciaire place ce processus dans un nouveau contexte", a-t-il ajouté.
Pour Marie Jégo, si une majorité de Russes continuent de voir en Mikhaïl Khodorkovski "un oligarque impopulaire qui a gagné beaucoup d'argent dans le cadre des privatisations de l'époque Eltsine", l'intelligentsia éprouve de plus en plus "une forme de sympathie à son égard".