26.10.08
Le 12 oct 2008, plusieurs agences de presse et journaux français ont relaté que la police judiciaire de Strasbourg avait ouvert une enquête suite à la plainte de Me Karinna Moskalenko.
Rappelons les faits : Karinna Moskalenko est cette avocate russe qui représente devant la cour internationale les intérêts de ses concitoyens qui portent plainte contre la Russie. Ainsi, Me Moskalenko est l'avocate entre autres de la famille d'Anna Politkovskaïa et de Mikhail Khodorkovsky.
Début octobre, Karinna Moskalenko et plusieurs autres membres de sa famille, y compris ses enfants, ont commencé à éprouver des malaises : maux de tête incessants, vertiges, nausées. L'époux de Karinna Moskalenko a alors inspecté leur véhicule et a découvert, sous les sièges avant, une substance ressemblant à du mercure. La famille Moskalenko a alors prévenu la police, qui a emporté les échantillons pour analyse et ouvert une enquête. Et voilà que le 23 octobre 2008, le Figaro publie une brève dans laquelle il est dit que le mercure retrouvé « en quantité infime » dans la voiture de l'avocate russe proviendrait d'un baromètre à mercure que le précédent propriétaire, un antiquaire à la retraite, aurait cassé quelques mois auparavant. « Dans l'attente des résultats d'analyses toxicologiques qui sont actuellement pratiqués par l'Institut médico-légal de Strasbourg, force est donc d'admettre que le spectre d'une nouvelle «affaire Litvinenko» s'éloigne désormais », conclut le Figaro. Notons que le journal ne cite pas précisément ses sources et ne s'est pas adressé à Karinna Moskalenko pour avoir son commentaire.
En revanche, le journal russe Kommersant, pour un article publié le 24 octobre, a pris contact aussi bien avec la police judiciaire de Strasbourg qu'avec Me Moskalenko, et les deux versions présentent des divergences troublantes.
Premier point d'interrogation : le 23 octobre, Karinna Moskalenko a passé une bonne partie de la journée dans les locaux de la PJ de Strasbourg, et à ce moment les enquêteurs lui ont dit que le précédent propriétaire n'avait pas encore été interrogé. Or l'article du Figaro mentionnant le témoignage de l'antiquaire date du 22 octobre!
Deuxième point d'interrogation: les enquêteurs parlent de « quantité infime de produit », tandis que d'après Me Moskalenko, elle en a recueilli par endroit plusieurs cuillères.
Troisième détail – et de loin le plus troublant: si l'incident du baromètre cassé a vraiment eu lieu, il s'est produit plusieurs mois auparavant. Or la voiture a depuis été inspectée, remise en état et nettoyée par le salon qui s'est chargé de la vente, et elle était impeccable lorsque la famille Moskalenko en a fait l'acquisition. Enfin, la transaction a eu lieu en août, entre temps la famille a beaucoup circulé à bord du véhicule, elle a notamment fait le tour de l'Espagne, et ce n'est que depuis le début du mois d'octobre qu'elle a commencé à éprouver des symptômes physiques inquiétants.
La suite de l'enquête et des analyses devrait, d'après le journal Kommersant, permettre de déterminer si le mercure retrouvé dans le véhicule de Karinna Moskalenko est le même que celui qui se trouvait dans le baromètre à mercure de l'antiquaire. Espérons que les policiers auront les moyens de mener leur enquête en toute indépendance et d'en publier librement les conclusions. Libellés : Moskalenko
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L'Observatrice
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