Le député UMP Hervé Mariton a rencontré à Moscou la mère de l'oligarque emprisonné.Le sort de l'ex-magnat russe du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis près de cinq ans, est redevenu un sujet diplomatique depuis l'entrée en fonction de Dmitri Medvedev. Lundi, un geste de soutien à la famille Khodorkovski, certes discret, est venu de France. La semaine dernière, Angela Merkel avait évoqué ce dossier sensible avec le président russe, en visite à Berlin. «Les questions concernant l'exécution des peines et la grâce ne doivent pas faire l'objet de négociations entre États», avait alors déclaré le nouveau maître du Kremlin. Il en va de la «souveraineté».
Alors que la diplomatie française est toujours restée circonspecte sur l'affaire Ioukos (nom de la société de Khodorkovski) soucieuse de ne pas irriter inutilement le Kremlin, un député de l'UMP a rencontré lundi à Moscou Marina Khodorkovskaïa, la mère de l'ex-homme le plus riche de Russie devenu forçat en Sibérie. Hervé Mariton, étiqueté villepiniste, a pris cette initiative à titre individuel, mais il préside le groupe d'amitiés France-Russie. Il a pris soin d'en informer l'ambassade de France.
L'ancien patron de Ioukos (démantelée l'an dernier au profit de la firme Rosneft contrôlée par l'État) a été condamné en 2005 à huit ans de prison pour fraude fiscale et risque un second procès pour détournement massif de fonds.
Dimension politiqueAmnesty International considère Khodorkovski comme un «prisonnier politique». Hervé Mariton, qui revendique son ignorance sur le fond du dossier, estime, prudent, que «les conditions du procès et de la détention (entachés de multiples violations du droit) ont clairement une dimension politique». Puisque le nouveau président russe a fait du renforcement de l'État de droit son cheval de bataille, Hervé Mariton comme Marina Khodorkovskaïa veulent «le prendre au mot».
«Si la situation de votre fils, devenu un symbole, s'améliorait, cela voudrait dire que la Russie tout entière irait mieux», a déclaré l'élu de la Drôme à Marina Khodorkovskaïa, très émue mais toujours digne. Lors de sa dernière visite à Tchita, à six heures de vol éprouvantes pour cette femme de 74 ans, elle n'a pu voir son fils que trois heures. Son mari, Boris, s'est rendu à Tchita en mai et elle y retourne fin juin. Même s'il affiche une volonté de fer, et se bat pied à pied avec ses avocats, Micha a des problèmes de santé, s'inquiète sa mère.
Marina n'a pas sollicité le président Medvedev pour une grâce ou une amnistie. «Si Micha me dit de le faire, je le ferai.» Pour l'heure, Iouri Schmidt, l'un des avocats de «MBK», affirme qu'il n'a jamais parlé de grâce ou d'amnistie avec son client. Le juriste, blanchi sous le harnais, a épluché la Constitution et la jurisprudence et assure qu'une grâce est possible sans impliquer automatiquement des aveux ou un acte de repentance.
De notre correspondant à Moscou, Fabrice Nodé-Langlois
10/06/2008 | Mise à jour : 00:05