Le 15 février, Vladimir Pereverzine, ex-employé de la compagnie Yukos, est sorti de prison au bout de sept ans et deux mois, après avoir entièrement purgé sa peine. Arrêté en décembre 2004, il avait été condamné en mai 2007 à une peine de 11 ans de camp de régime sévère, peine quelque peu réduite ultérieusement suite à la réforme du code pénal entreprise par le président Medvedev.
Pereverzine n’avait jamais reconnu les accusations portées contre lui et qui venaient recouper celles portées contre M. Khodorkovsky et Platon Lebedev lors de leur deuxième procés. On se souvient que les dirigeants de la compagnie pétrolière étaient accusés d'avoir, avec la complicité de leurs employés, détourné la quasi-totalité du pétrôle produit par la compagnie. Vladimir Pereverzine a toujours refusé de témoigner à charge contre ses anciens patrons. Au 2e procès contre M. Khodorkovsky et Platon Lebedev, il avait au contraire énergiquement témoigné du côté de la défense, ce qui avait valu à ce détenu modèle de se voir refuser une remise de peine.
Aujourd’hui pour Vladimir Pereverzine, le combat continue. Il est à présent absolument déterminé à se battre pour sa réhabilitation totale. Il veut faire connaître, et si possible condamner, le chantage dont il a été victime depuis son arrestation et tout au long de sa détention.
Celui-ci avait commencé dès les premières heures de son arrestation :
Le boss avait donné l’ordre d’attaquer, raconte Vladimir Pereverzine,
et ça a commencé… Je me souviens des premiers interrogatoires, je me souviens de l’enquêteur qui glapissait et écumait littéralement, en hurlant «Ivanitch! (c’est comme ça qu’il s’adressait à moi). Tu es pourtant russe ! Qu’est que tu as à voir avec tous ces juifs, ces Khodorkovsky, ces Nevzlin!» J’hallucinais complètement devant le délire de ce petit homme qui n’avait pas un physique particulièrement russe non plus. J’avais l’impression d’être en plein cauchemar, je me demandais – «Seigneur, mais où je suis?! Qu’est-ce qui se passe?!» Je ne croyais pas que ce délire était vraiment en train de m’arriver, à moi… (1)
A la suite de son témoignage lors du procès Khodorkovsky, la direction du camp où était détenu Pereverzine a produit un faux document, sur la base duquel sa demande de remise de peine a été refusée. Lorsque l’ex-employé de Yukos a contesté cette décision en apportant la preuve formelle de cette falsification, il commencé à être soumis dans le camp à des pressions, y compris physiques, et à de graves menaces de la part de certains co-détenus qui collaborent avec l’administration. Il a été obligé d'avoir recours à l'automutilation pour être mis en sécurité à l'hôpital du camp. Craignant pour sa vie, il a été contraint retirer sa plainte.
Aujourd’hui Vladimir Pereverzine a porté plainte contre la direction du camp. Outre son action devant les tribunaux, il tient un
blog sur le site du centre de presse de M. Khodorkovsky, et participe aux actions de protestation des moscovites.

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(1)
Interview de Vl. Pereverzine, traduction L'Observatrice.