Au jour le jour Historique Biographie Déclarations Soutien & Contact
22.4.06

Sept ans de prison pour une employée de Yukos, mère de deux enfants

Le 19 avril, Svetlana Bakhmina, employée du service juridique de la compagnie Yukos, a été condamnée à 7 ans de camp pour détournement et blanchiment de fonds. Svetlana n'a jamais occupé de poste de direction ni pris de décision concernant le management de l'entreprise. Elle a été inculpée parce que sa signature se trouvait sur quelques papiers que le parquet général a considéré comme pièces à convictions dans une affaire largement fabriquée. L'opération en question était un transfert d'actions interne à la compagnie, au cours de laquelle aucun actif n'a été subtilisé ni vendu, mais simplement déplacé de la balance d'une filière de Yukos à celle de l'entreprise mère dans le cadre d'une restructuration de l'entreprise.
Svetlana a deux enfants de quatre et sept ans qu'elle n'a pas vus depuis plus d'un an. Durant sa détention provisoire, elle n'avait pas même le droit de téléphoner à sa famille. La peine qui lui a été infligée, sept ans de détention, ne lui permet pas de bénéficier de l'amnistie décrétée en l'honneur du centenaire de la Douma, l'Assemblée russe. En effet, cette amnistie concerne les femmes ayant plus d'un enfant à charge et condamnées à des peines de moins de... six ans. Il est évident que ce verdict disproportionné à été prononcé spécialement pour que Bakhmina ne rentre pas dans le cadre de l'amnistie.
Au cours l'annonce du verdict il s'est d'ailleurs produit un incident révélateur: en lisant le verdict, la juge Tatiana Korneeva, du Tribunal Simonovski de Moscou a prononcé que Bakhmina était "condamnée à une peine de sept ans de camp de régime sévère". Or le camp de régime sévère est réservé aux auteurs de crimes de sang, et de plus il n'en existe pas pour les femmes. C'est alors le procureur Nikolaï Vlassov qui, devant les journalistes et les amis de l'accusée, a rectifié "l'erreur technique" de la juge. Outre le fait que ce malentendu est particulièrement douloureux pour la personne qu'il concerne, il semble indiquer que la juge découvrait le verdict en même temps qu'elle l'annonçait, alors que le procureur, lui, le connaissait visiblement par coeur.

Dans une conférence de presse tenue le lendemain, Me Iouri Schmidt, avocat de Khodorkovsky, a déclaré que la condamnation absurde et démesurément sévère de Svetlana Bakhmina était un avertissement pour Vassili Aleksanian, arrêté le 6 avril dernier, qui était le supérieur hiérarchique de Bakhmina, ainsi qu'une façon de faire pression sur l'employée afin de l'obliger à témoigner contre son ancien chef.
21.4.06

Cyberpresse: Le milliardaire russe Potanine converti en animateur de téléréalité

Le milliardaire russe Vladimir Potanine a annoncé vendredi qu'il allait animer une émission de téléréalité inspirée de celle du magnat américain Donald Trump, lors de laquelle le gagnant se verra proposer un emploi de rêve dans une entreprise de l'homme d'affaires.

«Je veux que les gens, notamment les jeunes, voient que le succès dans la vie, y compris dans les affaires, ça n'arrive pas tout cuit, mais que c'est le résultat d'un labeur, de ses études et d'un travail sur soi», a expliqué M. Potanine, dans un communiqué de la chaîne TNT, qui diffusera le programme.

M. Potanine, propriétaire du géant des métaux Norilsk Nickel et président de la holding Interros, est un de ces oligarques russes ayant fait fortune lors des privatisations controversées des années 1990 en Russie.

Après le tournant marqué par l'affaire contre le groupe pétrolier Ioukos et son pdg Mikhaïl Khodorkovski, il est devenu un ardent partisan des bonnes relations que le monde des affaires doit entretenir avec le Kremlin.

Candidat, version russe de l'émission The Apprentice animée sur NBC par Donald Trump, doit commencer à être diffusé à la fin de l'été, selon TNT.

«Tous ceux qui ont entre 20 et 35 ans et veulent travailler et gagner beaucoup d'argent ont une chance d'être sélectionnés. L'expérience et l'éducation ne sont pas fondamentales. Le principal selon Potanine est d'avoir le regard vif», ajoute le communiqué de TNT, sans relever la contradiction avec les propos du magnat des métaux.

La sélection des candidats, qui seront poussés dans leurs retranchements sur le plateau par M. Potanine, a commencé vendredi.

Le gagnant se verra attribuer un poste de cadre pour un salaire annuel de trois millions de roubles par an (plus de 109 000 dollars).

Le but est de changer l'image négative des entrepreneurs en Russie, a expliqué le directeur général de TNT (qui appartient au géant gazier semi-public Gazprom), Roman Petrenko.

M. Potanine, qui possède plusieurs journaux, est membre de la Chambre civile, organe consultatif créé par le Kremlin et critiqué comme étant une coquille vide, composée uniquement de proches du pouvoir.

La chaîne TNT a précisé que M. Potanine animerait gratuitement l'émission.
_________
C'est sûr que quand on voit les peines infligées aux simples employés de Yukos, qui n'occupaient pas même de poste de responsabilité, ça donne envie de se porter candidat à un emploi de cadre dans une grande entreprise russe. Rengagez vous qu'y disaient. Pour quatorze ans de camp au delà du cercle polaire...

Quant à Potanine, il n'est pas seulement "un de ceux" qui se sont enrichis lors des privatisations, il est
celui qui était au gouvernement et qui a préparé le schéma selon lequel se sont déroulées ces opérations.

Libération: 248 milliards de dollars, ce que pèsent les cent plus grosses fortunes russes

La Russie compte 44 milliardaires. Les cent plus grosses fortunes russes pèsent 248 milliards de dollars. Soit plus du quart du PIB d'un pays où le salaire moyen s'élève à 3 600 dollars par an... En un an, le club des oligarques a bondi de 107 milliards ! Avec 18,2 milliards de dollars, Roman Abramovitch, 39 ans, propriétaire du club de foot de Chelsea, trône en tête. Derrière, Vaguit Alekperov, 55 ans, patron de Loukoil, numéro un du pétrole russe depuis la chute de Ioukos. Sa fortune qui s'élève à 12,7 milliards l'a fait passer en un an de la douzième à la deuxième place grâce à la flambée des actions Loukoil (+150% en un an). Puis Vladimir Lissine, 50 ans, principal actionnaire du combinat métallurgique de Novolipetsk, (11,3 milliards). Toutes ces fortunes ont été acquises dans la foulée des privatisations. «Les riches deviennent plus riches parce que l'économie russe s'enrichit», euphémise Kirill Vishnepolsky, de Forbes Russie, qui publie le classement. Et ne craint pas d'écrire : «Il faut à présent gagner son argent de façon ennuyeuse comme tout le monde, par des investissements directs ou en jouant en Bourse.»
20.4.06

RIA Novosti : Confiscation des biens: le retour de l'URSS

MOSCOU, 20 avril - RIA Novosti. La Douma (chambre basse du parlement russe) a commencé à rétablir mercredi, sans aucune discussion, la confiscation des biens telle qu'elle existait en URSS, jugeant nécessaire de le faire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la corruption.

Certains experts estiment que la confiscation peut être un nouveau moyen de repartage de la propriété, écrit le Kommersant.

Les amendements au Code pénal adoptés en première lecture prévoient la confiscation pour 47 types de crimes, dont 13 crimes économiques. Le projet a été soumis par le Comité de sécurité de la Douma, mais il est notoire qu'il avait été élaboré par l'administration présidentielle à la demande du Parquet général.

Malgré l'absence de crimes fiscaux sur la liste, les entrepreneurs russes n'éviteront pas la confiscation. Par exemple, le verdict prononcé contre Mikhail Khodorkovski l'a reconnu coupable d'escroquerie et celui prononcé contre son employée Svetlana Bakhmina mentionne l'appropriation de biens (vol).

Les amendements ont été désapprouvés par le Comité de la Douma pour la législation civile, pénale, d'arbitrage et de procédure. Pavel Kracheninnikov, président du comité, a expliqué au cours de toutes les discussions qui ont eu lieu depuis un an et demi au sujet de la confiscation qu'il valait mieux lutter contre les crimes économiques par des méthodes économiques.

Andrei Netchaïev, chef de la Corporation financière russe, estime quant à lui qu'il y aura probablement un nouveau moyen de repartage de la propriété.

Guennadi Goudkov, député de la Douma (Russie unie), rappelle que les hommes d'affaires jouent depuis longtemps le rôle de vaches à lait. Dans un pays qui occupe une place de leader pour la corruption, pas besoin d'être devin pour prévoir les conséquences qu'auront ces amendements.

Alexandre Rappoport de la compagnie Rappoport & Partners, estime qu'il existe une meilleure mesure, à laquelle on recourt souvent dans les affaires pénales: les dommages et intérêts. Cela suffit pour rétablir la justice sociale. La confiscation est un pas en arrière. Ces nouvelles initiatives créent des possibilités immenses de commettre des abus à l'égard des propriétaires honnêtes.

Evgueni Tchitchvarkine, chef de la compagnie Evroset, affirme qu'il vaudrait mieux adopter des amendements à la loi sur la défense des droits de propriété et du propriétaire.
19.4.06

Le Figaro : Mikhail Khodorkovski dans un cachot illégal

La justice russe juge illégale la mise en cellule d’isolement de l'ex-PDG du groupe pétrolier Ioukos, dans la colonie pénitentiaire sibérienne où il purge une peine de huit ans de prison.

Un peu de répit pour Khodorkovski. La juge Larissa Joukova, du tribunal de Krasnokamensk, ville sibérienne où est détenu l’ancien homme le plus riche de Russie, a ainsi donné suite à une plainte de son avocate locale Natalia Terekhova.

Khodorkovski avait été placé en cellule d'isolement fin janvier 2006, après la découverte sur lui de deux directives du ministère de la Justice portant sur les droits des détenus, considérées par l'administration du camp comme des «documents interdits». «Les directives du ministère de la Justice ne sont pas secrètes et ont été publiées dans la presse par le passé», a expliqué la juge à l’agence de presse russe Interfax.

Blessé à l'arme blanche

Khodorkovski, blessé à l'arme blanche la semaine dernière par un autre détenu (lire ci-dessous), a fait plusieurs séjours en isolement, la dernière fois fin mars pour avoir bu du thé en dehors des lieux prévus à cet effet. En février, pour la première fois depuis son incarcération, ses avocats avaient obtenu une victoire modeste mais importante pour la suite de sa peine de 8 ans: le tribunal de Krasnokamensk annulait un blâme reçu le 14 décembre pour avoir «quitté son poste de travail» devant une machine à coudre.

L'ex-patron de Ioukos avait été condamné en mai 2005 pour fraude fiscale au terme d'une procédure dénoncée par ses avocats comme inspirée par le Kremlin afin de rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un homme d'affaires manifestant des ambitions politiques. Selon ses défenseurs, l'annulation de la condamnation au cachot de Khodorkovski réduit le risque de voir l'établissement carcéral interdire les visites de sa famille. Par ailleurs, l'accumulation de sanctions disciplinaires risquait d'empêcher son transfert éventuel dans un centre de détention au régime moins sévère.
_________

La juge Larissa Joukova est bien courageuse. Il est vrai que les tribunaux de province sont, par définition, plus indépendants que ceux de la capitale.
Mais je doute qu'elle conserve très longtemps son poste. Affaire à suivre...

Le Monde : La direction de la prison refuse d'enquêter après une agression contre M. Khodorkovski

Aucune enquête ne sera ouverte sur l'agression dont a été victime, il y a cinq jours, l'ancien patron du géant pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, au camp de Krasnokamensk, à 6 000 km de Moscou, où il purge une peine de huit ans pour "escroquerie" et "évasion fiscale". "Les blessures, trop légères, ne justifient pas l'ouverture d'une enquête criminelle", a expliqué, lundi 17 avril Alexandre Sidorov, le porte-parole de l'administration pénitentiaire, accusant l'ex-magnat de "mensonge".

Les avocats de M. Khodorkovski avaient annoncé samedi que leur client avait été, dans son sommeil, balafré au visage par un de ses codétenus. "Une simple égratignure", rétorque l'administration pénitentiaire, indifférente à la présence d'une arme blanche dans le camp. "La blessure n'est pas du tout profonde. Elle peut très bien avoir été faite avec les ongles ou sur un coin de lit", a assuré M. Sidorov. De son côté, l'ancien patron de Ioukos, sa blessure fermée par plusieurs points de suture, a déclaré qu'il ne porterait pas plainte contre son agresseur. Son avocate sur place, Natalia Terekhova, n'a pas été autorisée à le voir.

Condamné en mai 2005 à huit ans de camp au terme d'une affaire décrite comme "politique" par de nombreux observateurs, M. Khodorkovski, 42 ans, purge sa peine dans la région de Tchita, à 60 km de la frontière chinoise, un lieu désolé où sa famille et ses avocats ont du mal à se rendre (Le Monde du 21 février). Estimant que le pouvoir russe cherche à "détruire moralement et physiquement" leur client, ceux-ci sont sur le point d'engager un recours à Strasbourg. "Coup de pub pour la Cour européenne !", titrait lundi le tabloïd Komsomolskaïa Pravda, expliquant qu'il s'agissait d'un coup monté. Le principal défenseur de M. Khodorkovski, Iouri Schmidt, a déploré, lundi, l'attitude des autorités. "Cela prouve qu'il a moins de droits que les autres prisonniers", a-t-il indiqué.

Depuis qu'il a été incarcéré à Krasnokamensk en octobre 2005, l'ancien magnat est harcelé par l'administration pénitentiaire, prompte à l'envoyer au mitard sous des prétextes variés afin d'empêcher une éventuelle remise de peine pour bonne conduite. Il y a deux semaines, il avait ainsi été sanctionné pour avoir "bu du thé dans un endroit non prévu à cet usage".

Marie Jégo

AFP: Un prêtre ayant soutenu Khodorkovski réduit à l'état laïc

Un prêtre orthodoxe de Krasnokamensk (Sibérie), muté après avoir exprimé son soutien à Mikhaïl Khodorkovski, a finalement été réduit à l'état laïc par ses supérieurs, a annoncé mardi le centre de presse de l'ancien magnat du pétrole russe.

La décision, en date du 10 avril, d'infliger cette sanction suprême au père Sergueï Taratoukhine a été prise par l'évêque de Tchita, Mgr Evstafiï, a-t-on précisé de même source.

Le père Taratoukhine avait déjà été muté en février dans une paroisse éloignée de mille kilomètres de Krasnokamensk, pour avoir refusé de bénir les bâtiments administratifs de la colonie pénitentiaire "où se trouvait un détenu politique", Mikhaïl Khodorkovski.

En apprenant qu'il n'était plus prêtre, il a déclaré être victime de "véritables représailles", a rapporté le centre de presse de Khodorkovski. Cette mesure a privé l'ex-ecclésiastique, lui-même ancien détenu du Goulag soviétique, des moyens de pourvoir aux besoins de sa famille.

Mikhaïl Khodorkovski, ancien patron du géant pétrolier Ioukos, purge une peine de huit ans de prison pour fraude fiscale au terme d'une affaire dénoncée comme inspirée par le Kremlin pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un homme d'affaires manifestant des ambitions politiques.

AFP via La Croix

RIA Novosti : L'Etat se débrouille mal en affaires

MOSCOU, 19 avril - RIA Novosti. Alexandre Chokhine, président de l'Union des entrepreneurs et des industriels de Russie, a prévenu que, dans le contexte du développement impétueux du secteur public et des investissements de l'Etat, la Russie était menacée de désindustrialisation et de ralentissement de la croissance.

D'éminents experts russes commentent ses propos dans le quotidien Vremia novostei.

Evseï Gourvitch, chef du Groupe d'experts économiques: l'Etat a déjà montré son inefficacité en affaires. Les secteurs où l'Etat prédomine se développent moins bien que les autres. Il ne sait pas tirer de profits de ses immenses actifs et, par conséquent, ses recettes budgétaires sont insignifiantes. Nous sommes en présence d'un modèle économique spécifique où ceux qui sont affiliés à l'Etat bénéficient d'avantages particuliers dans la concurrence.

L'Etat peut, au mieux, compléter le secteur privé. Mais l'Etat, surtout quand il est aussi corrompu que le nôtre, ne peut pas remplacer entièrement les investissements privés.

Andrei Netchaïev, président de la Corporation financière russe: depuis plusieurs années, les experts affirment que l'économie russe est atteinte d'une forme grave de "maladie hollandaise" (un afflux important de recettes en devises provenant de l'exportation de matières premières entraîne une régression dans de nombreux secteurs de l'économie).

Les compagnies publiques jouent aujourd'hui le rôle principal pratiquement dans tous les secteurs. Cependant, ni l'expérience russe, ni l'expérience mondiale n'ont prouvé que la gestion de la propriété par l'Etat et la gestion de l'économie par l'Etat par l'intermédiaire des compagnies publiques était plus efficace que celle du secteur privé. Par exemple, Ioukos, compagnie qui est certainement coupable de fraude fiscale, a tout de même payé plus d'impôts que Rosneft, compagnie publique.

Alexandre Khandrouïev, chef du groupe de conseil BFI: les hommes d'affaires ont peur des projets rentables de grande envergure, car, tôt ou tard, l'Etat y mettra la main. Le gouvernement estime qu'il est plus intelligent et plus perspicace que le marché. C'est une grosse erreur. Les investissements de l'Etat comportent toujours une part de corruption.

L'Etat fonctionne toujours selon des critères non pas économiques, mais politiques. Il faut espérer que cela ne soit pas fait au nom de la fausse idée nationale qui consiste à vouloir redevenir une superpuissance.
18.4.06

Mikhaïl Khodorkovski harcelé dans sa prison sibérienne

A peine sorti du cachot, l'oligarque, qui purge une peine de huit ans de prison, a été attaqué par un codétenu.


IL ÉTAIT L'HOMME le plus riche de Russie, loué à Washington et à Paris. Mais Mikhaïl Khodorkovski, 42 ans, subit aujourd'hui l'humiliation dans son cachot au fin fond de la Sibérie. Habitué à voyager en jet privé, l'oligarque, déchu depuis sa condamnation en mai dernier à huit ans de prison dans une colonie pénitentiaire, vient ainsi de sortir de sept jours d'isolement pour une «faute grave». L'ex-patron, qui fréquentait jadis tous les cocktails mondains, a osé boire du thé dans une pièce où le règlement l'interdisait. Après avoir réintégré sa cellule, le milliardaire a subi un nouveau coup. Physique, cette fois : un codétenu l'a blessé au visage avec un couteau.

Presque tous soumis au contrôle du Kremlin et du président Vladimir Poutine, les médias russes ne s'attardent guère sur les misères carcérales de Khodorkovski. Mais la radio indépendante Echo de Moscou et quelques sites Internet suivent presque quotidiennement le sort du héros de la cause libérale russe. Pour eux, aucun doute : condamné pour fraudes et évasions fiscales, l'ancien PDG du géant privé de l'or noir russe Ioukos est un prisonnier politique dont le sort a été scellé par le Kremlin. Pour écarter un ennemi potentiel et dépecer sa compagnie pétrolière au profit d'un groupe public, le président Poutine est soupçonné d'avoir profité de l'impopularité de Khodorkovski : dans les années 90, l'opportuniste banquier avait racheté pour une bouchée de pain l'un des joyaux de l'économie du pays alors que ces privatisations ont appauvri tant de Russes.

Peu aimé par la majorité de la population pour s'être enrichi trop facilement pendant les années postcommunistes, Khodorkovski ne suscite guère de compassion dans le grand public. Mais, alors que Ioukos est au bord du dépôt de bilan, son démantèlement presque achevé et son nouveau vice-président arrêté, les conditions d'emprisonnement de l'ex-patron provoquent la colère de quelques rares supporters. «Il s'est réveillé dans la nuit, le visage en sang. Son agresseur lui a tranché le visage avec un couteau de cordonnier», a ainsi protesté le service de presse de l'oligarque, assurant que les faits remontent à vendredi dernier.

Son avocat a précisé que la profondeur de l'entaille au visage est de 4 mm et que des points de suture ont été nécessaires. Une versioncontestée par la direction des services pénitentiaires. Selon elle, «une dispute a éclaté entre Khodorkovski et un jeune codétenu, et ce dernier lui a donné un coup dans le nez. Aucune blessure ouverte n'a été infligée. Il n'a qu'une égratignure.» Ajoutant à la confusion, Mikhaïl Khodorkovski a, depuis, annoncé qu'il renonçait à poursuivre en justice son assaillant.

Feuilleton carcéral

Ce feuilleton carcéral a connu un nouveau coup de théâtre hier, apportant même un peu de répit à l'oligarque. La juge du tribunal de Krasnokamensk, la ville sibérienne où il est détenu, a en effet donné suite à une plainte de son avocate locale. Et elle lui a même donné raison : la précédente mise au cachot avait été illégale.

En janvier dernier, l'oligarque avait en effet été placé en cellule d'isolement, après la découverte sur lui de deux directives du ministère de la Justice portant sur les droits des détenus, considérées par l'administration du camp comme des «documents interdits». Mais la juge a expliqué au contraire que «les directives du ministère de la Justice ne sont pas secrètes» ! Ce même tribunal local avait déjà annulé un blâme reçu en décembre par Mikhaïl Khodorkovski parce qu'il avait «quitté son poste de travail». Dans la prison sibérienne, il ne s'agissait pas d'un bureau mais... d'une machine à coudre.

_______
Pour comparer...
Aujourd'hui un tabloid russe a publié un entrefilet sur le Colonel Boudanov. Pour ceux qui ont oublié, il s'agit de ce gradé russe qui avait violé et assassiné une jeune fille tchétchène. Lui aussi est dans une colonie pénitenciaire, mais au lieu d'être obligé de travailler comme Khodorkovski, il s'occupe de la salle de sport, reçoit très souvent des visites et des cadeaux (même un vélo d'intérieur pour qu'il perde un peu de poids), et passe la plus part du temps à regarder la télévision dans sa cellule individuelle.

Un avertissement?

D’abord, il y a les faits – ou du moins le peu que l’on en sache. Dans la nuit du 13 au vendredi 14, entre 3 et 5 heures du matin, Mikhail Khodorkovsky s’est réveillé sous l’effet de la douleur et de la sensation du sang coulant sur son visage. Il a allumé la lumière, jeté un coup d’œil dans le miroir, réveillé le surveillant qui l’a conduit à l’infirmerie. On lui a posé des agrafes et un pansement compressif. Puis on l’a renvoyé dans son dortoir. Entre temps, l’auteur de l’agression s’était dénoncé lui-même et on avait retrouvé dans sa paillasse un couteau et des lames de rasoir (objet dont la possession est évidemment strictement défendue dans une colonie pénitentiaire). L’agresseur de Khodorkovsky n’est pas tout à fait inconnu de ceux qui suivent avec attention le destin des figurants de l’affaire Yukos : il s’agit de ce jeune détenu, qui avait été condamné en même temps que Khodorkovsky à une semaine de cachot pour avoir bu du thé en dehors du local réservé. Son nom avait fait un temps la une des médias qui s’étaient amusés, en commentant cet incident, à jouer sur le patronyme du détenu, homonyme de l’ex-président ukrainien Kuchma.

A partir de là les informations divergent. Tout d’abord en ce qui concerne la nature des blessures infligées à Khodorkovsky. Le porte-parole officiel du Service d’Application des Peines (FSUIN) a tout d’abord tenté de minimiser au maximum l’incident, en affirmant qu’il n’y avait pas eu blessure mais simple égratignure au cours d’une bagarre nocturne. Au contraire l’ex-collègue et ami de Khodorkovsky, Leonid Nevzlin, exilé en Israël, a affirmé que Khodorkovsky avait été passé à tabac et défiguré, qu’on ne le reverrait sans doute plus jamais comme avant. Son avocate, qui, semble-t-il, lui aurait rendu visite depuis l’incident, parle d’une coupure longue mais assez peu profonde. Dans ses aveux, Kuchma a déclaré avoir eu dans un premier lieu l’intention de crever un œil (!!!) à son célèbre co-détenu, mais qu’au dernier moment « sa main a tremblé ».
Les motivations de l’agression semblent difficilement compréhensibles. La version officielle de la dispute a été rejetée aussi bien par Khodorkovsky, qui affirme avoir toujours été en bons termes avec ce détenu que par l’agresseur. La déposition de ce dernier est des plus embrouillées. Il en ressort qu’il se serait résolu à ce geste pour se faire jeter au cahot et attirer le maximum d’attention sur lui, car lui-même se sentait menacé par d’autres détenus, pour une faute qu’il aurait commise dans le passé. Quoi qu’il en soit, Mikhail Khodorkovsky n’a pas souhaité porter plainte contre lui.

Une fois de plus, on ne saura sans doute jamais la vérité sur cet incident angoissant. Mais il y a d’ores et déjà de nombreuses interrogations.
- si Kuchma a effectivement tenté de régler ses propres problèmes en lacérant le visage d’un compagnon de détention qui ne lui avait fait que du bien, pourquoi avoir choisi ce moyen qui risque de nuire encore plus à sa réputation? Agresser un autre détenu sans raison, et de plus durant son sommeil, est en effet totalement inacceptable du point de vue du code de conduite et d’honneur du détenu, et les contrevenants à ce code sont sévèrement punis par le service d'ordre intérieur au monde du crime. Pourquoi dés lors agir contre son propre intérêt ?
- pourquoi les autorités n’hésitent-elles pas à diffuser les mensonges les plus grossiers ? Pourquoi nier dans un premier temps l’agression au couteau pour finir par être obligé de la reconnaître ? Pourquoi parler de « simple égratignure » tout en confirmant la pose de points de suture ? Pourquoi refuser au médecin de l’administration pénitenciaire de Chita, le centre urbain le plus proche, le droit d’examiner le prisonnier ?
- pourquoi refuser de lancer une enquête et affirmer qu’il s’agit d’un incident courant alors que l’agresseur était en possession de pas moins de trois armes blanches ? Pourquoi enfin ce ton persifleur dans toutes les déclarations des représentants officiels, ses insinuations sur la nature des relations existant entre Khodorkovski et l’agresseur (qualifié de « jeune ami de la victime », terme aux connotations sexuelles implicites en russe). Dans la bouche des amuseurs du peuple et bouffons attitrés du régime on pourrait encore comprendre, mais de la part de personnes ayant rang d’officiers ?

Si l’on rapporte cette nouvelle aux deux précédentes, à savoir l’arrestation ostensiblement violente et retransmise à la télévision du nouveau directeur de Yukos Vassili Aleksanian et la lutte entre représentants de l’État et actionnaires pour les derniers actifs de la compagnie, l’agression nocturne de Khodorkovsky pourrait bien avoir valeur de signal pour ses amis et ex-collègues : abandonnez-nous la raffinerie de Mazeiku et laissez-nous dépecer la compagnie, sinon vos amis et collègues qui sont entre nos mains vont souffrir. L’enjeu est en effet de taille – la vente de la raffinerie de Mazeiku, si elle était effectuée au profit de son actuel propriétaire, le groupe Menatep, et à sa juste valeur, qui est de plus d’un milliard de dollars, donnerait de nouveaux moyens aux actionnaires du groupe dans leur guerre judiciaire et médiatique contre le Kremlin, voire permettrait à Yukos d’éviter sa mise en faillite. C’est en réalité le dernier épisode de la lutte pour Yukos, la bataille finale dont dépendra la survie ou la liquidation de la compagnie. Depuis plus d’une semaine maintenant, Aleksanian est détenu au cachot et observe la grève de la faim. Vendredi dernier, Khodorkovsky a eu le visage lacéré de coups de couteau dans des circonstances obscures. L’énergie que déploient les officiels russes pour empêcher toute enquête sur l’incident ne peut que donner à penser qu’ils ne souhaitent pas que la lumière soit faite sur les motivations de cette agression. Avec les blessures intentionnellement infligées à Mikhail Khodorkovsky, un pas a été franchi, un tabou a été levé, et l’absence de réaction de l’opinion publique russe et internationale semble laisser le champ libre aux autorités pour transformer la renationalisation de Yukos en une opération de racket avec prise d’otages.
17.4.06

La Grande Epoque: Perdus dans la Russie de Poutine

Alors que le corps de Samba Lampsar Sall, un jeune étudiant sénégalais assassiné en pleine rue à Saint-Pétersbourg, était rapatrié jeudi dernier dans son pays, le Sénégal, l’aggravation de la violence raciste en Russie inquiète d’autant plus qu’elle est devenue une arme politique et ses auteurs semblent largement protégés par le pouvoir du Kremlin.

La liste est terrible : le 13 avril, deux Tsiganes étaient battus à mort par des skinheads dans la région de Volgograd. Peu de temps auparavant à Krasnoïarsk, en Sibérie, un Tadjik était grièvement blessé par des jeunes qui l'avaient tiré du restaurant où il travaillait comme cuisinier. Le 25 mars dernier, une fillette métisse, Liliana Sissoko, âgée de neuf ans, était poignardée par deux adolescents dans l’escalier de son immeuble à Saint-Pétersbourg. Le 24 décembre 2005, Léon Kanhem, 28 ans, étudiant camerounais, était assassiné dans la même ville. Fin octobre, c’était un étudiant chinois. Mi-septembre, un étudiant congolais. Depuis le mois de janvier, neuf personnes ont été tuées et 79 autres blessées, indique l’ONG Sova qui évalue entre 25 000 et 50 000 le nombre de victimes d’agressions racistes enregistrées chaque année dans toute la Fédération de Russie.

Journaliste au Moskovski Komsomolets, Alexandre Minkine, est révolté : «Le plus effrayant c’est que cette violence ignoble s’est non seulement banalisée, mais en plus les auteurs, les rares fois où ils sont arrêtés, écopent de peines scandaleusement dérisoires.» L’exemple qu’il donne illustre la clémence qui se généralise de plus en plus dans ce type de cas. Ainsi, en 2004, les meurtriers d’une petite fille tadjik, elle aussi âgée de neuf ans, poignardée à neuf reprises, ont simplement été condamnés à des peines allant de dix-huit mois à cinq ans de prison, l’affaire ne relevant aux yeux du tribunal que de la simple délinquance.

La psychose, l’alliée du pouvoir
En réalité, ni les intellectuels engagés ni des organismes tel que Amnesty International, qui a lancé depuis 2003 une campagne afin de «combattre le racisme pour mettre fin au climat d’impunité», ne semblent en mesure d’alarmer l’opinion publique russe. De fait, selon un sondage de juin 2005 effectué par l’Institut panrusse d’étude de l’opinion publique (VTsIOM), 58 % de la population se reconnaît ouvertement dans l’éternel slogan xénophobe : «La Russie aux Russes.»

La rhétorique ultranationaliste demeure d’ailleurs le socle idéologique sur lequel Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine qui détient la majorité absolue dans toutes les instances du pouvoir, assoit son hégémonie depuis 2000. Le tout puissant président russe, dont la popularité frôle les 80 %, incarne aux yeux de ses compatriotes la résistance de la «Grande Russie» assiégée de l’extérieur par les États-Unis, l’Union européenne ou encore le terrorisme international. La guerre en Tchétchénie et les attentats perpétrés ces dernières années au cœur de la Russie ont créé une véritable psychose dans le pays.

La fuite en avant
Le sentiment de méfiance et de haine vis-à-vis de «l’étranger» est d’autant plus ancré dans la population russe qu’il est depuis longtemps le cheval de bataille de la plupart des formations de l’opposition.

Phénomène très ancien, remontant à l’époque des Tsars et sur lequel le régime stalinien s’est largement appuyé, la fibre xénophobe russe et notamment l’antisémitisme ont été abondamment exploités par le Parti communiste (KPRF), premier parti de l’opposition tout au long des années 90, contre le gouvernement de Boris Eltsine accusé d’être «à la botte des sionistes».

Plus populiste encore, le second parti anti-poutine, Rodina (La Patrie), rampe dans le national-socialisme le plus ouvertement fasciste. Incapable d’exploiter l’incontestable échec de la politique économique et sociale des deux mandats de Poutine (10 % de chômeurs côtoient la richesse insolente des oligarques proches du Kremlin, l’espérance de vie des hommes est tombée à 58 ans, selon l’Organisation Internationale du Travail), la classe politique sombre dans la surenchère extrémiste.

De l’idéalisation de l’époque soviétique à l’évocation de la «Grande Russie» du tsar Pierre Le Grand, tous flattent l’orgueil national et désignent les étrangers comme étant la cause de tous les maux du pays : de la drogue au sida. Recrutant au sein des 50 000 à 60 000 skinheads russes (dont la violence était autrefois canalisée dans les stades de football), chaque grand parti s’est constitué de véritables petites milices s’inspirant là aussi de Russie Unie. Le parti de Poutine organise ainsi de véritables camps de «jeunesses poutiniennes» regroupés dans l’organisation nachi, où de jeunes désoeuvrés extrêmement violents à l’égard des militants de l’opposition et «tout ce qui n’est pas blanc et russe» sont encadrés par la fine fleur des universités et des grandes écoles.

Ayant tout verrouillé, Poutine ne partira pas
Dans cette fuite en avant, les affrontements entre bandes rivales sont souvent sanglants. Vladimir Poutine utilise habilement l’insécurité (extérieure et intérieure) ainsi orchestrée pour renforcer sa mainmise sur le pouvoir et légitimer sa toute puissance. Désormais, les gouverneurs des régions sont nommés par le pouvoir central qui vient de décider que 60 % des recettes fiscales (contre 50 % auparavant) lui seraient transférées. La condamnation de l’ex-patron de la firme pétrolière Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, à huit ans de camps en Sibérie pour avoir osé défier Poutine démontre sa mainmise sur la justice. Même l’Église orthodoxe qui vient de condamner un prêtre ayant pris parti dans cette affaire lui est soumise.

Plus que jamais contrôlés par les hommes du Kremlin, la plupart des médias et une grande partie de la production littéraire et artistique relaient la propagande nationaliste en faveur du pouvoir. Assuré du contrôle des institutions, le parti de Poutine s’efforce depuis 2000 de formater l’ensemble du système politique russe suivant le modèle : «Un parti, un syndicat, une société civile.» Depuis 2001, plus de 5000 associations et ONG, regroupées au sein d’un «forum citoyen», ont prêté allégeance au maître du Kremlin. En mars 2004, après sa réélection, celui-ci accusait les réfractaires d’être à la solde de l’étranger.

Jamais depuis l’époque soviétique un homme avait tenu aussi fermement les rênes du pouvoir. À deux ans de la fin de son dernier mandat et alors que son parti lui offre la majorité suffisante pour modifier à sa guise la constitution, on imagine mal Poutine abandonner l’hégémonie qu’il a si froidement renforcée. On le croit encore moins capable de s’émouvoir du sort de quelques immigrés égarés.

Marc Gadjro

AFP : Khodorkovski ne poursuivra pas son agresseur

L'ancien patron du géant pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, a renoncé à poursuivre en justice un codétenu qui l'a blessé au visage avec un couteau, a déclaré dimanche son avocat.

"Mon client a refusé d'entamer une procédure criminelle à l'encontre de l'homme qui l'a attaqué et nous respecterons sa décision", a dit Natalya Terekhova, selon l'agence de presse Interfax.

Le service de presse de l'ancien homme le plus riche de Russie avait indiqué samedi dans un communiqué qu'un détenu de sa cellule lui avait balafré le visage avec un couteau, dans la nuit de jeudi à vendredi.

Les autorités pénitentiaires ont pour leur part précisé que M. Khodorkovski avait subi "une égratignure sur le nez" à la suite d'une dispute avec un codétenu.

Son avocate a précisé dimanche qu'il avait regagné sa cellule après avoir reçu des points de suture au visage.

M. Khodorkovski, âgé de 42 ans, purge une peine de huit ans de prison dans la région de Tchita, en Sibérie orientale, à plus de 6.000 km de Moscou.

Il a été condamné en mai 2005 pour fraude fiscale au terme d'une affaire dénoncée par les libéraux comme inspirée par le Kremlin pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un homme d'affaires jugé trop indépendant et manifestant des ambitions politiques.

Un tribunal de la capitale a rejeté début avril une plainte de ses avocats qui contestaient son emprisonnement en Sibérie et réclamaient son transfèrement vers Moscou, plus près de sa famille

AFP via 20minutes.com

AP : Mikhail Khodorkovski agressé en prison

MOSCOU (AP) - L'ancien magnat russe du pétrole Mikhaïl Khodorkovski a été hospitalisé après avoir eu le visage lacéré par un codétenu en prison pendant qu'il dormait, selon son avocat qui a accusé les autorités pénitentiaires d'avoir tenté de cacher l'incident.

Iouri Schmidt a déclaré samedi à l'agence Associated Press (AP) que Mikhaïl Khodorkovski avait été attaqué dans la nuit de jeudi à vendredi par un autre prisonnier qui s'était fabriqué un couteau.

Le magnat purge une peine de huit ans de prison pour fraude et évasion fiscales dans une prison en Sibérie.

Dans un communiqué sur le site de Khodorkovski, Iouri Schmidt explique que son client s'est réveillé le visage en sang au beau milieu de la nuit. Des points de suture ont dû lui être faits. M. Khodorkovski, qui est détenu dans un camp sibérien depuis octobre dernier, se remet à l'infirmerie du camp de Krasnokamensk.

Les autorités pénitentiaires russes ont minimisé l'incident. Selon elles, le détenu le plus célèbre de Russie a eu un différend avec un codétenu qui s'est soldé pour Mikhaïl Khodorkovski par des égratignures au nez, a rapporté l'agence Interfax.

Me Schmidt a souligné pour sa part que les autorités ne semblaient pas décidées à ouvrir une information une enquête, ce qui indique "que contrairement aux assurances officielles, Khodorkovski a moins de droits que les autres prisonniers ordinaires et qu'il est singularisé." "L'équipe des conseillers de Khodorkovski ne se fait pas d'illusions sur les véritables organisateurs de ce délit et elle est déterminée, en vertu de la loi, à obtenir tous les détails de ce qui s'est passé".

Mikhaïl Khodorkovski, qui est âgé de 42 ans et qui a été un temps l'homme le plus riche de Russie, a été condamné en mai dernier au terme d'un procès vu par certains comme la sanction de ses ambitions politiques ainsi que par la volonté du Kremlin de reprendre le contrôle du secteur pétrolier. La principale société du groupe Ioukos a été nationalisée de fait pour payer un redressement fiscal de plusieurs milliards de dollars en décembre 2004. Ce qui reste de Ioukos devrait être dépecé pour être vendu dans le courant de cette année.

Les avocats du prévenu ont accusé les autorités de tenter de briser son moral et sa résistance en l'incarcérant dans un camp isolé de Sibérie situé à la frontière chinoise, à 4.700 kilomètres de Moscou. Par conséquent, il est très compliqué pour sa famille et ses conseils de lui rendre visite.

Il a été condamné au cachot à deux reprises pour violation du règlement. Il lui était reproché la possession de documents sur les droits des détenus et d'avoir bu du thé dans des endroits non autorisés. Selon ses avocats, il s'agit d'empêcher Mikhaïl Khodorkovski d'avoir des remises de peine pour bonne conduite.

AP via Canada.com

Le Nouvel Obs : Mikhail Khodorkovski agressé en prison

MOSCOU (Reuters) - Mikhaïl Khodorkovski, fondateur du groupe pétrolier russe Ioukos, a été agressé et blessé jeudi soir dans la prison sibérienne où il purge une peine de huit ans de réclusion pour fraude et évasion fiscale, ont fait savoir samedi ses porte-parole.
"Mikhaïl Khodorkovski s'est aperçu en se réveillant qu'il avait le visage couvert de sang. L'agresseur lui a coupé le visage avec un couteau", précise un communiqué.
"Par la suite, au cours d'une fouille dans les affaires de l'agresseur, on a découvert un couteau ordinaire et une lame. Ces objets sont interdits dans les locaux pénitentiaires."
L'état de Khodorkovski a nécessité des points de suture et l'ancien oligarque a fait part de l'agression lui-même à ses avocats, note le communiqué.
Celui-ci ajoute que les services pénitentiaires n'ont pas ouvert d'enquête criminelle et laisse entendre qu'on bafoue les droits du condamné, qui serait ainsi exposé à des risques plus importants que les autorités ne l'admettent.
L'agression a eu lieu jeudi soir à la colonie pénitentiaire de Tchita, à 6.500 km à l'est de Moscou, où Khodorkovski est incarcéré depuis octobre dernier, dit encore le communiqué.
Khodorkovski était l'un des hommes les plus riches de Russie avant de tomber en disgrâce auprès du Kremlin. Il a été condamné en 2005 avec un autre grand actionnaire de Ioukos, Platon Lebedev.
Les deux hommes ont dit avoir mis fin à leurs liens avec Ioukos, que le fisc russe a poussé au bord de la faillite en gelant les actifs de la compagnie et en lui réclamant 33 milliards de dollars d'arriérés d'impôts.
Un groupe de banques occidentales a entamé une procédure de mise en faillite de Ioukos le mois dernier devant un tribunal de Moscou, dernier épisode d'un processus de trois ans qui, selon des analystes, devrait aboutir à l'absorption de la compagnie par son principal créancier, le groupe pétrolier public Rosneft.

Reuters via Le Nouvel Obs

Le Monde: L'ancien patron de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski aurait été agressé dans sa cellule

L'ancien patron du géant pétrolier Ioukos Mikhaïl Khodorkovski a été agressé dans la nuit de jeudi à vendredi dans sa cellule par un codétenu qui lui a balafré le visage avec un couteau. "Mikhaïl Khodorkovski s'est réveillé dans la nuit le visage en sang. Son agresseur lui a tranché le visage avec un couteau de cordonnier", a annoncé samedi 15 avril son service de presse.


"Au cours d'une fouille ultérieure dans les effets personnels de l'agresseur ont été également découverts un couteau ordinaire et une lame de rasoir, autant d'objets interdits dans la prison". L'état de Khodorkovski a nécessité des points de suture et l'ancien oligarque a fait part de l'agression lui-même à ses avocats, note le communiqué. Celui-ci ajoute que les services pénitentiaires n'ont pas ouvert d'enquête criminelle et laisse entendre qu'on bafoue les droits du condamné, qui serait ainsi exposé à des risques plus importants que les autorités ne l'admettent.

Le directeur de l'administration pénitentiaire de Russie, Iouri Kalinine, a démenti les déclarations de Khodorkovski : "rien de tel n'est arrivé", a-t-il déclaré à l'agence de presse russe Itar-Tass. "Hier vers trois heures du matin, une dispute a éclaté entre Khodorkovski et son jeune ami et ce dernier lui a donné un coup dans le nez. Aucune blessure ouverte n'a été infligée. Khodorkovski n'a qu'une égratignure sur le nez", a-t-il ajouté.

L'ancien homme le plus riche de Russie a été condamné en mai 2005 à huit ans de réclusion pour fraude fiscale. Les opposants au régime estiment que cette affaire a été inspirée par le Kremlin pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un homme d'affaires jugé trop indépendant et manifestant des ambitions politiques.
15.4.06

Le Figaro : Mikhaïl Khodorkovski aurait été agressé dans sa cellule

L'ancien magnat russe du pétrole a été hospitalisé après avoir eu le visage lacéré par un codétenu en prison, alors qu’il dormait. Son avocat accuse les autorités pénitentiaires d'avoir tenté de cacher l'incident. Celles-ci démentent en bloc et évoque «une égratignure».

La déchéance continue pour Mikhaïl Khodorkovski. L'ancien patron du géant pétrolier Ioukos, qui purge une peine de huit ans de prison pour fraude et évasion fiscales, a été agressé dans la nuit de jeudi à vendredi dans sa cellule. Un codétenu de sa prison sibérienne lui a balafré le visage avec un couteau. «Mikhaïl Khodorkovski s'est réveillé dans la nuit le visage en sang. Son agresseur lui a tranché le visage avec un couteau de cordonnier», a déclaré samedi son avocat. «Au cours d'une fouille ultérieure dans les effets personnels de l'agresseur ont été également découverts un couteau ordinaire et une lame de rasoir, autant d'objets interdits dans la prison». Khodorkovski, qui est détenu dans un camp sibérien depuis octobre dernier, se remet à l'infirmerie du camp de Krasnokamensk.

«Moins de droits que les autres»

Les autorités pénitentiaires russes ont minimisé l'incident. Selon elles, le détenu le plus célèbre de Russie a eu un différend avec un codétenu qui s'est soldé par des égratignures au nez, ainsi que l’a rapporté l'agence de presse russe Interfax. Me Schmidt a souligné pour sa part que les autorités ne semblaient pas décidées à ouvrir une information une enquête, ce qui indique «que contrairement aux assurances officielles, Khodorkovski a moins de droits que les autres prisonniers ordinaires et qu'il est singularisé». «Son équipe des conseillers ne se fait pas d'illusions sur les véritables organisateurs de ce délit et elle est déterminée, en vertu de la loi, à obtenir tous les détails de ce qui s'est passé».

Du thé dans des endroits non autorisés

Mikhaïl Khodorkovski, 42 ans, après avoir été l'homme le plus riche de Russie, a été condamné en mai dernier au terme d'un procès que certains interprètent comme la sanction de ses ambitions politiques, autant que par le symbole de la volonté du Kremlin de reprendre le contrôle du secteur pétrolier. La principale société du groupe Ioukos a été nationalisée de fait pour payer un redressement fiscal de plusieurs milliards de dollars en décembre 2004. Ce qui reste de Ioukos devrait être vendu dans le courant de cette année. Les avocats du prévenu ont accusé les autorités de tenter de briser son moral et sa résistance en l'incarcérant dans un camp isolé de Sibérie situé à la frontière chinoise, à 4.700 kilomètres de Moscou. Par conséquent, il est très compliqué pour sa famille et ses conseils de lui rendre visite.

Khodorkovski a été condamné au cachot à deux reprises pour violation du règlement. Il lui était reproché la possession de documents sur les droits des détenus et d'avoir bu du thé dans des endroits non autorisés.
14.4.06

Libération : La bataille pour les actifs étrangers de Yukos monte d'un cran

MOSCOU - L'administrateur judiciaire de Ioukos a engagé une action devant la justice américaine pour tenter d'empêcher la vente de Mazeikiou Nafta, la raffinerie du groupe pétrolier russe en Lituanie, rapporte le Wall Street Journal.

Selon les analystes, la compagnie pétrolière publique russe Rosneft serait la première à bénéficier de la liquidation de Ioukos dont elle absorberait les actifs russes. Mais Ioukos cherche à éviter que ses parts dans la raffinerie Mazeikiou tombent aussi dans l'escarcelle de Rosneft.

Eduard Rebgun, nommé par un tribunal moscovite pour superviser le dépôt de bilan de Ioukos, a invoqué le chapitre 15 du code américain des faillites pour obliger une chambre d'un tribunal de Manhattan à suspendre le processus de cession de la plus importante activité du groupe dans les pays baltes.

"Conformément à ma requête, le tribunal fédéral de New York a prononcé une interdiction temporaire relative aux décisions de la direction de NK Youkos et de ses affiliés sur des cessions d'actifs", a déclaré Rebgun à Reuters.

"Ma mission est de ne pas autoriser les opérations de vente ou d'achat d'actifs de nature à causer directement ou indirectement du tort à l'entreprise", a-t-il ajouté. Selon le WSJ, les avocats de Regbun estiment aussi qu'une cession de Mazeikiou nuirait aux intérêts des créanciers du groupe.

Aux yeux des analystes, la disparition de Ioukos est désormais acquise depuis que le fisc russe a gelé en Russie les actifs du groupe à qui il réclame 33 milliards de dollars d'arriérés d'impôts, mais l'avenir de Mazeikiou est plus incertain.

"La situation des actifs de Ioukos à l'étranger devient actuellement de plus en plus complexe, elle se politise et comporte des enjeux importants pour les parties impliquées", écrit Troika Dialog

ROSNEFT EN EMBUSCADE

Le gouvernement lituanien et quatre groupe pétroliers - Loukoil, TNK-BP, PKN Orlen et KazMounaiGas - tentent depuis plusieurs mois de négocier l'acquisition des 53,7% que Ioukos détient dans Mazeikiou, mais jusqu'ici en vain.

Ioukos demande notamment à l'acquéreur de garantir l'approvisionnement de la raffinerie, alimentée par des oléoducs russes.

Selon une source proche des discussions citée par le quotidien Kommersant, le gouvernement lituanien serait prêt à débourser 1,7 milliard de dollars pour la participation de Ioukos, qu'il revendrait ensuite à KazMounaiGas avec 20% supplémentaires sur les 40,66% que l'État lituanien détient déjà dans Mazeikiou.

Malgré la démarche de Rebgun devant la justice américaine, le directeur général de Ioukos Steven Theede continue de négocier la vente de Mazeikiou pour laquelle il assure avoir le feu vert de ses conseillers juridiques.

Theede a souligné que Regbun tentait de bloquer les cessions d'actifs réalisées par OAO NK Youkos alors que Mazeikiou appartient à Youkos International UK B.V., une filiale de Youkos Finance B.V. basée aux Pays-Pas.

"OAO NK Youkos n'est pas actionnaire de ces sociétés", a ajouté Claire Davidson, porte-parole du groupe basée à Londres.

Dans un communiqué, Theede a indiqué avoir écrit à Rebgun pour lui signifier que "les actions d'AB Mazeikiou Nafta n'appartiennent pas à OAO NK Youkos (...) qui n'a pas l'autorité légale lui permettant de disposer des actions AB Mazeikiou Nafta." Il a ajouté que la procédure intentée par l'administrateur aux États-Unis était illégale au regard du Droit russe et d'autres pays.

Theede dirige depuis son exil londonien le groupe Ioukos, paralysé depuis son démantèlement, tandis que les dirigeants restés à Moscou refusent de lui obéir et se disent seuls aux commandes.

L'unique représentant de Theede dans la capitale russe a été interpellé la semaine dernière et est toujours détenu par le ministère public.
13.4.06

Le Figaro: Le Kremlin s'acharne contre le groupe pétrolier Youkos

Le nouveau vice-président Vassili Aleksanian a été jeté en prison

Si ce n'est pas de l'acharnement, c'est à s'y méprendre. Alors que Mikhaïl Khodorkhovski, l'ancien PDG du groupe pétrolier russe Youkos, condamné à huit ans de prison pour fraude fiscale, vient de passer son 900e jour en détention, le nouveau vice-président de la compagnie, Vassili Aleksanian, arrêté à Moscou jeudi dernier, a été envoyé au cachot. L'arrestation de Vassili Aleksanian n'est que l'épisode le plus récent de la lutte sans merci que mène l'Etat russe contre Youkos et dont le dénouement approche à grands pas. Cet avocat diplômé de Harvard a été nommé vice-président du groupe, le 4 avril, par le conseil d'administration de Youkos, placé en redressement judiciaire le mois dernier par un tribunal de Moscou. Ancien chef du service juridique de Youkos, Aleksanian a été interrogé plusieurs fois par la justice depuis deux ans. Le 31 mars, selon le quotidien Novaya Gazeta, des enquêteurs lui ont conseillé de se tenir éloigné de la société.

Devant les caméras de NTV

Jeudi dernier, deux jours après sa nomination, des policiers casqués et armés de mitraillettes ont fait irruption chez lui et l'ont plaqué au sol. Le tout devant les caméras de NTV, chaîne appartenant au groupe public Gazprom. Le détenu, qui rejette les accusations de blanchiment d'argent et de détournement de fonds, a entamé une grève de la faim. C'est parce qu'il a refusé un examen médical qu'il a été mis au cachot pour dix jours, expliquait mardi son avocat. Quant à son ancienne adjointe au service juridique de Youkos, Svetlana Bakhima, elle est elle-même sous les verrous depuis 492 jours. Le parquet vient de requérir neuf ans d'emprisonnement contre elle. Au cours de ses cinq premiers mois de préventive, elle n'a pas eu le droit de téléphoner à ses enfants, alors âgés de 3 et 7 ans.

Quant à Mikhaïl Khodorkhovski, l'ancien PDG condamné en mai 2005 à neuf ans de travaux forcés en Sibérie, il continue à se battre. Il vient de réintégrer sa cellule après sept jours à l'isolement. Sa faute : avoir bu du thé dans une pièce où le règlement l'interdisait. Un tribunal de Krasnokamensk, où il est incarcéré, lui avait récemment donné raison au sujet d'une précédente punition.

Mais ce jugement favorable vient d'être infirmé en appel. Autant de brimades accueillies dans l'indifférence par la plupart des Russes qui considèrent l'ancien homme le plus riche du pays comme un voleur.

Fabrice Nodé-Langlois
13 avril 2006, (Rubrique International)

Libellés :

12.4.06

Mitard et grève de la faim.

Sixième jour de cachot et sixième jour sans nourriture pour Vassili Aleksanian, vice-président du groupe Ioukos arrêté jeudi dernier.
Dans un communiqué officiel, la Direction Fédérale du Service d'Application des Peines a confirmé qu'Aleksanian observe la grève de la faim depuis samedi pour protester contre sa mise en détention provisoire. L'avocat de trente-quatre ans, diplomé d'Harvard et ancien responsable du service juridique de la compagnie pétrolière Ioukos, en avait été nommé directeur exécutif seulement quelques jours avant son arrestation le 6 avril. Vendredi dernier, le tribunal Basmannyj a accordé au Parquet Général sa mise en détention pour trois mois. En signe de protestation, Vassili Aleksanian a entamé une grève de la faim. Par ailleurs, il a refusé de se prêter à la procédure obligatoire de la visite médicale, ce qui lui a valu d'être immédiatement envoyé au mitard pour dix jours.
Le 26 avril, le Tribunal de la Ville de Moscou doit examiner son recours contre son placement en détention.

Photographie : Vassili Aleksanian et son père au tribunal Basmannyj (Interfax)

Libellés :

8.4.06

Libération : Ioukos, un deuxième président en prison

Cinq jours à la tête de Ioukos, puis le sixième : plaqué au sol et emprisonné. Le dépeçage du groupe pétrolier de Mikhaïl Khodorkovski s'achève comme il a commencé, dans la violence et sans s'embarrasser d'un quelconque Etat de droit.

Nommé le 1er avril vice-président exécutif de Ioukos, avec fonction de président, par la direction en exil à Londres, l'avocat Vassili Aleksanian a été brutalement arrêté jeudi soir à Moscou et mis en examen pour «blanchiment» et «détournement de biens», ce qui peut lui valoir jusqu'à vingt-cinq ans de prison. Juste avant son arrestation, Vassili Aleksanian avait eu le temps de faire savoir qu'il avait été prévenu : «Tenez-vous à l'écart de cette compagnie», l'aurait averti un juge d'instruction. «Après leur avoir déclaré que je ne m'apprêtais pas à quitter Ioukos, ils m'ont dit, avec un sourire moqueur, qu'ils voyaient pour la première fois un homme demander de son plein gré à aller en prison», avait-il rapporté au quotidien Kommersant. «Les magistrats m'ont dit que je devrais m'inquiéter pour mon enfant et ma santé», avait confié Vassili Aleksanian.

Détermination. Cette interpellation ­ la trente-cinquième arrestation ou poursuite d'une personne pour ses liens avec la société Ioukos, a calculé le centre de presse de Mikhaïl Khodorkovski ­ montre la détermination des autorités russes à en finir avec ce qui reste de l'ancien numéro 1 du pétrole russe.

Sous la menace permanente des arrestations, des dirigeants de Ioukos restés en Russie, qui ont annoncé ne plus obéir à Steven Theede, le PDG en exil à Londres, se sont ralliés aux autorités. Anatoli Nazarov, chef de la filiale «raffinage et marketing», a ainsi refusé en mars la démission demandée par Londres d'un de ses subordonnés, soupçonné d'avoir profité des difficultés de la compagnie pour détourner entre 50 et 100 millions de dollars de recettes.

Redressement. C'était pour tenter de reprendre le contrôle de Ioukos à Moscou que la direction londonienne avait nommé Vassili Aleksanian, avocat de longue date du groupe. Sitôt nommé, ce fidèle avait constaté que le chef de la filiale «raffinage et marketing» refusait de lui remettre les documents demandés. «On cherche à réduire la valeur des actifs» de Ioukos avant sa mise en faillite, soupçonnait Vassili Aleksanian. Fin mars, le groupe a été placé en redressement judiciaire, préparatoire à une faillite qui pourrait être déclarée en juin.

De facto, Ioukos est passé sous le contrôle de Rosneft, la compagnie pétrolière d'Etat qui s'est emparée en décembre de sa principale filiale, Iouganskneftegaz et qui utilise aujourd'hui les raffineries de Ioukos pour traiter son pétrole, dénoncent les derniers fidèles de Mikhaïl Khodorkovski. «Rosneft veut le contrôle de Ioukos, sans même le payer», observait mi-mars un de ces fidèles, Roman Khomenko, remarquant ­ avant même l'arrestation de Vassili Aleksanian ­ que tout manager qui refusait d'exécuter les ordres donnés par Rosneft était aussitôt convoqué par le parquet.

Lorraine Millot

Photographie : Kommersant.ru
Autres orthographes possibles (mots-clés): Aleksanyan, Alexanian, Alexanyan

Libellés :

Libération : Déjà Khodorkovski, en 2003...

Arrêté en octobre 2003 pour avoir osé tenir tête à Vladimir Poutine, l'ancien patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, purge actuellement une peine de huit ans de prison, au fin fond de la Sibérie. Contraint d'abord de coudre des moufles, puis de veiller à leur emballage, il est régulièrement condamné au cachot sous n'importe quel prétexte et ses avocats craignent qu'on ne soit en train de le «détruire» physiquement. Ioukos, dont il avait fait le premier groupe pétrolier russe, a été assommé par un total de près de 30 milliards de dollars d'arriérés fiscaux, dont 10 milliards restent encore à payer. Sa principale filiale, Iouganskneftegaz, a été reprise par la compagnie d'Etat Rosneft par le biais d'enchères pipées en décembre 2004. Depuis le 28 mars, Ioukos est sous la supervision d'un administrateur judiciaire qui doit décider de sa mise prochaine en faillite.

Lorraine Millot

AFP: Le vice-président de Ioukos incarcéré deux jours après sa nomination

MOSCOU (AFP) - Le nouveau vice-président exécutif du groupe pétrolier russe Ioukos a été interpellé de façon musclée jeudi à Moscou puis incarcéré, deux jours après sa nomination, qui devait éviter un démantèlement expéditif de la société placée en redressement judiciaire.

La chaîne de télévision russe NTV a montré jeudi soir l'interpellation de Vassili Aleksanian par des policiers qui l'ont mis à terre et tenu en joue en criant "au sol!" après avoir forcé la porte de l'appartement où il se trouvait.

Visiblement sous le choc, M. Aleksanian, encadré par des policiers armés de mitraillettes, a ensuite été conduit au Parquet général.

"Il a été mis en examen pour blanchiment et détournement" de biens et d'actions et risque plusieurs années de prison, a annoncé dans la soirée son avocat, Guevorg Davguian, en sortant du Parquet général.

"On a emmené ce soir (mon client) au centre de détention préventive de la rue Petrovka. Il conteste les accusations formulées contre lui comme totalement absurdes et m'a dit qu'il avait l'intention d'observer une grève de la faim", a expliqué l'avocat.

La justice doit se prononcer vendredi sur le maintien en détention de M. Aleksanian, poursuivi par le Parquet deux jours seulement après sa nomination.

Il rejoint ainsi les rangs d'autres responsables de Ioukos incarcérés au fil d'une longue saga judiciaire considérée comme politique, au premier rang desquels l'ex-PDG de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, arrêté fin 2003 lors d'une escale de son avion en Sibérie.

L'ex-patron milliardaire purge depuis une peine de huit ans dans un camp de Sibérie, après sa condamnation en 2005 pour fraude et évasion fiscale dans une affaire considérée comme orchestrée par le Kremlin pour faire taire un homme d'affaires trop indépendant et mettre la main sur le premier groupe pétrolier du pays.

L'ex-numéro un du pétrole russe, qui a été placé en redressement judiciaire le 28 mars dernier, est menacé d'un démantèlement accéléré alors que ses meilleurs actifs sont déjà passés dans l'escarcelle du groupe public Rosneft, à la suite d'une vente aux enchères très controversée.

L'interpellation de Vassili Aleksanian, un avocat russe également diplômé de Harvard qui dirigeait auparavant le service juridique de Ioukos, intervient alors qu'il venait tout juste d'être désigné mardi par le conseil d'administration du groupe au poste de vice-président exécutif pour tenter de rétablir son autorité sur les actifs de la compagnie en Russie.

Le PDG de Ioukos, l'Américain Steven Theede, exilé à Londres comme la majorité de la direction du groupe, est en conflit avec la représentation moscovite du groupe qui ne lui obéit plus et oeuvre, selon la presse russe, en faveur d'un démantèlement rapide par les autorités russes.

"Ce n'est pas une coïncidence que la personne nommée pour faire arrêter le pillage devant la justice soit arrêtée", a réagi Robert Amsterdam, avocat de M. Khodorkovski, dans un communiqué.

Le tribunal d'arbitrage de Moscou doit se réunir le 27 juin pour entendre les conclusions de l'administrateur judiciaire de Ioukos, Edouard Rebgoun, et décider du sort de la compagnie.

M. Aleksanian avait dit craindre une arrestation mercredi au cours d'une conférence de presse, après les accusations formulées contre lui par le Parquet.

Tout s'était ensuite accéléré, avec la perquisition de son domicile et de sa maison de campagne mercredi soir. Puis l'approbation par un tribunal de Moscou jeudi matin du dossier d'accusation présenté par le Parquet.

AFP via Le Temps

Photographies : Parquet général russe (Photo 1), Kommersant.ru (Photo 2)
Autres orthographes possibles (mots-clés): Aleksanyan, Alexanian, Alexanyan

Libellés :

6.4.06

L'Expansion: Le nouveau n°2 de Ioukos menacé de 25 ans de prison

Il ne fait décidément pas bon être dirigeant de Ioukos. De fait, après la condamnation à huit ans de prison de l'ancien patron du pétrolier russe, Mikhail Khodorkovski, le nouveau vice-président exécutif du groupe est sous la menace de la justice. Vassili Alexanian est soupçonné de détournement d'actions et de propriété ainsi que de blanchiment d'argent. Au total, cet avocat qui dirigeait jusque là le service juridique de Ioukos risque 25 ans d'emprisonnement. Son cas devait être examiné aujourd'hui mercredi par un tribunal, qui devait valider ou non les chefs d'accusations présentés par le parquet. Le PDG de Ioukos, l'américain Steven Theede, est lui exilé à Londres, comme la majorité de la direction générale. Le groupe largement démantelé a été placé en redressement judiciaire la semaine dernière.

Libellés :

3.4.06

AFP: Khodorkovski passe de la couture à l'emballage

L'ancien homme le plus riche de Russie Mikhaïl Khodorkovski qui purge une peine de huit ans de réclusion en Sibérie a changé d'occupation en prison: après avoir fait de la couture, fabriquant des gants, il est maintenant chargé de l'emballage de produits finis, a annoncé lundi l'un de ses avocats, Me Natalia Terekhova.

M. Khodorkovski, qui avait demandé l'autorisation de faire de la recherche scientifique, n'a pas encore reçu de réponse de l'administration pénitentiaire, a dit la juriste citée par Interfax.

Diplômé de deux facultés, l'ancien patron du géant pétrolier Ioukos a signé un contrat avec le journal "La Chimie et la vie" pour lui fournir des articles scientifiques.

Par ailleurs, un tribunal de de la région Tchita a cassé en appel lundi une décision prise par un tribunal de première instance de Krasnokamiensk en Sibérie orientale, qui avait annulé un blâme infligé à Khodorkovski pour avoir quitté son lieu de travail sans autorisation, et a demandé que l'affaire soit jugée à nouveau.

La décision de Krasnokamiensk, prise en février dernier, avait été considérée comme une première petite victoire dans les rapports difficiles de l'ancien patron de Ioukos avec l'administration pénitentiaire. Depuis, Khodorkovski a été envoyé au cachot, pour avoir bu du thé en dehors des lieux prévus à cet effet.

AFP via L'Internaute

Pourquoi l'Observatoire?


L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003, il a été condamné à l'issue d'un procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.



M. Khodorkovsky durant son procès


Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine. La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté aux partis d'opposition lors des dernières élections.
Parallèlement, la compagnie YUKOS dont il était également le principal actionnaire a été soumise à des redressements fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de prétexte à confiscation de la plupart des actifs de la société.
Pour tenter de pallier un certain déficit d'information en langue française, je me propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme "le procès du siècle".

L'Observatrice



Recherche sur le site:

Articles précédents


Vladimir Pereverzine, libre et révolté.

Bonne Année 2012 !

15 décembre.

Khodorkovsky - LE FILM.

Vassili Alexanian, une interview inédite.

Vassili, le dernier adieu.

Vassili Alexanian est décédé

Le Figaro: Au dernier jour de son procès, Khodorko...

Point final dans l'Affaire Alexanian

Le Figaro: Plus de procès pour un ancien de Ioukos



Archives:


août 2003
octobre 2003
novembre 2003
décembre 2003
janvier 2004
mai 2004
juin 2004
juillet 2004
août 2004
septembre 2004
octobre 2004
novembre 2004
décembre 2004
janvier 2005
février 2005
avril 2005
mai 2005
juin 2005
août 2005
septembre 2005
octobre 2005
novembre 2005
décembre 2005
janvier 2006
février 2006
mars 2006
avril 2006
mai 2006
juin 2006
juillet 2006
août 2006
septembre 2006
octobre 2006
décembre 2006
janvier 2007
janvier 2008
février 2008
juin 2008
septembre 2008
octobre 2008
décembre 2008
février 2009
mars 2009
juin 2010
novembre 2010
octobre 2011
décembre 2011
janvier 2012
mars 2012



L'affaire Yukos sur Internet


Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky
Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky (en anglais et en russe)

Centre de presse de Platon Lebedev
Centre de presse de Platon Lebedev en anglais et en russe

SOVEST - Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky
Groupe "SOVEST" ("Conscience" en russe) : Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky (en français)

The Mikhail Khodorkovsky Society
The Mikhail Khodorkovsky Society (blog anglophone)

Yukos Shareholders Coalition
Coalition des actionnaires de Yukos pour poursuivre en justice le gouvernement russe (anglais)

Dossier du journal Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos
Dossier du journal d'opposition Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos (en russe)

Fond Mission libérale
Excellent site du Fond "Mission libérale" (en russe). Sur l'affaire Yukos et, beaucoup plus largement, sur le libéralisme en Russie

Bibliographie


Je vous propose une sélection de documents en français, anglais ou russe


Sur le procès et l'affaire Yukos

Patrick Klugman : En défense de Mikhail Khodorkovski

André Gluksmann : Mikhail Khodorkovski prisonnier de la verticale du pouvoir

Film BBC "Russian Godfathers 2: The Prisoner" (Youtube, en 6 parties)

Rapport d'experts étrangers sur le déroulement du procès (eng, .pdf, 81 KB)

Analyse des accusations par les avocats de la défense (eng, .pdf, 153 KB)

Sur Mikhail Khodorkovsky

"Le roi du pétrôle piégé par ses ambitions", Hélène Depic-Popovic, Libération, 27.10.2003

"La mutation d'un oligarque", Nathalie Nougayrède, Le Monde, 21.11.2003

"A falling Tsar", Chrystia Freeland, The Financial Times, 01.11. 03 (eng)

"Yukos, a Case Study" by Konstantin Korotov, Stanislav Shekshnia, Elizabeth Florent-Treacy and Manfred Kets de Vries, (eng, .pdf, 589 KB)

L'affaire Yukos dans :


  • Yahoo! News
  • Google News

    Presse sur internet

    En anglais

  • The Moscow News
  • Gazeta.ru - International Edition
  • The Moscow Times

    En russe

  • Московские Новости
  • Газета.ру
  • Новая Газета
  • Коммерсант
  • Известия
  • Ведомости
  • Независимая Газета
  • Еженедельный Журнал
  • NewsRu
  • Лента.ру
  • Денты.ру
  • РБК

    Radios


  • Эхо Москвы
  • Радио Свобода

  • Placer ma bannière


    Observatoire de l'affaire Yusko et du proces Khodorkovsky

    Remerciements


    Powered by Blogger

    Recherche par Google

    Compteurs