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11.3.12

Vladimir Pereverzine, libre et révolté.

Le 15 février, Vladimir Pereverzine, ex-employé de la compagnie Yukos, est sorti de prison au bout de sept ans et deux mois, après avoir entièrement purgé sa peine. Arrêté en décembre 2004, il avait été condamné en mai 2007 à une peine de 11 ans de camp de régime sévère, peine quelque peu réduite ultérieusement suite à la réforme du code pénal entreprise par le président Medvedev.

Pereverzine n’avait jamais reconnu les accusations portées contre lui et qui venaient recouper celles portées contre M. Khodorkovsky et Platon Lebedev lors de leur deuxième procés. On se souvient que les dirigeants de la compagnie pétrolière étaient accusés d'avoir, avec la complicité de leurs employés, détourné la quasi-totalité du pétrôle produit par la compagnie. Vladimir Pereverzine a toujours refusé de témoigner à charge contre ses anciens patrons. Au 2e procès contre M. Khodorkovsky et Platon Lebedev, il avait au contraire énergiquement témoigné du côté de la défense, ce qui avait valu à ce détenu modèle de se voir refuser une remise de peine.

Aujourd’hui pour Vladimir Pereverzine, le combat continue. Il est à présent absolument déterminé à se battre pour sa réhabilitation totale. Il veut faire connaître, et si possible condamner, le chantage dont il a été victime depuis son arrestation et tout au long de sa détention.

Celui-ci avait commencé dès les premières heures de son arrestation : Le boss avait donné l’ordre d’attaquer, raconte Vladimir Pereverzine, et ça a commencé… Je me souviens des premiers interrogatoires, je me souviens de l’enquêteur qui glapissait et écumait littéralement, en hurlant «Ivanitch! (c’est comme ça qu’il s’adressait à moi). Tu es pourtant russe ! Qu’est que tu as à voir avec tous ces juifs, ces Khodorkovsky, ces Nevzlin!» J’hallucinais complètement devant le délire de ce petit homme qui n’avait pas un physique particulièrement russe non plus. J’avais l’impression d’être en plein cauchemar, je me demandais – «Seigneur, mais où je suis?! Qu’est-ce qui se passe?!» Je ne croyais pas que ce délire était vraiment en train de m’arriver, à moi… (1)

A la suite de son témoignage lors du procès Khodorkovsky, la direction du camp où était détenu Pereverzine a produit un faux document, sur la base duquel sa demande de remise de peine a été refusée. Lorsque l’ex-employé de Yukos a contesté cette décision en apportant la preuve formelle de cette falsification, il commencé à être soumis dans le camp à des pressions, y compris physiques, et à de graves menaces de la part de certains co-détenus qui collaborent avec l’administration. Il a été obligé d'avoir recours à l'automutilation pour être mis en sécurité à l'hôpital du camp. Craignant pour sa vie, il a été contraint retirer sa plainte.

Aujourd’hui Vladimir Pereverzine a porté plainte contre la direction du camp. Outre son action devant les tribunaux, il tient un blog sur le site du centre de presse de M. Khodorkovsky, et participe aux actions de protestation des moscovites.




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(1) Interview de Vl. Pereverzine, traduction L'Observatrice.
1.1.12

Bonne Année 2012 !

L'Observatrice présente ses meilleurs voeux aux lecteurs de l'Observatoire de l'Affaire Yukos, avec quelques mots de russe et une magnifique Tour Eiffel curieusement illuminée aux couleurs de la compagnie pétrolière russe ! En espérant que cette année 2012 amène des changements positifs en Russie, et enfin la justice et la liberté pour les prisonniers politiques de ce pays.

 

14.12.11

15 décembre.

Aujourd'hui Vassili Alexanian aurait eu 40 ans. Il est mort il y a deux mois, après avoir passé deux ans en détention dans des conditions inhumaines. Il n'aura pas vu, hélas, les immenses rassemblements de protestation de ces dernières semaines. Cela lui aurait mis du baume au cœur, pourtant. Il avait dit en février 2008 - "Ce sacrifice que j'ai fait doit servir à réveiller la conscience des gens." C'est bien ce qui s'est produit en définitive, car le cas Alexanian a ouvert les yeux de beaucoup sur la véritable nature de ce régime criminel. Aujourd'hui en sortant sur les places et dans les rues, en Russie ou en occident, avec nos pancartes et nos banderoles, nous ne devons pas oublier que Poutine et sa bande ont volé non seulement les voix de leurs concitoyens, mais aussi la vie de Vassili.

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4.12.11

Khodorkovsky - LE FILM.

Depuis le 9 novembre, les spectateurs français ont la possibilité de découvrir le film de Cyril Tuschi, jeune réalisateur allemand indépendant, qui s'est donné pour tâche d'y voir plus clair dans l'affaire Yukos. Pendant 5 ans Tuschi a rassemblé des témoignages de personnes qui ont cotoyé Mikhail Khodorkovsky à différents moments de sa vie et de sa carrière, ainsi que d'hommes d'affaires et de personnalités politiques de premier plan.
Pour connaître les séances dans votre ville vous pouvez consulter la page du film sur le site Allociné, et pour vous faire une idée, vous pouvez regarder la chronique de Yannick Dahan.

Ci-dessous le texte de la présentation officielle ainsi que la bande annonce du film:

Un champ de pétrole enneigé en Sibérie. La caméra s'approche d'un groupe de jeunes. "On fait un film sur Mikhail Khodorkovski, tu le connais ?" "Je le connais, il a volé beaucoup d'argent à la Russie."
Président de Ioukos, la plus grande compagnie pétrolière russe privée, l'oligarque Mikhail Khodorkovski a été inculpé en 2003 pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale, et condamné à huit ans de prison. Alors qu'il devait être mis en liberté en 2011, le plus célèbre prisonnier de Russie a comparu pour un nouveau procès en décembre 2010 et pris cinq années de réclusion supplémentaires.
Comment ce membre exemplaire des jeunesses communistes est-il devenu le plus grand capitaliste de la Russie post-soviétique ? A-t-il essayé de vendre la compagnie russe à des sociétés américaines ? Prévoyait-il de se présenter à l'élection présidentielle contre Poutine ? Est-il un prisonnier politique ?
L'affaire Khodorkovski est pleine de mystères et d'interrogations. En Sibérie, à Moscou, à New York, à Londres, à Berlin, le réalisateur Cyril Tuschi cherche des réponses auprès de la famille de l'oligarque, de ses proches, des journalistes, d'anciens camarades de jeunesse, d'anciens associés, d'anciens ministres, d'anciens généraux du KGB.
Et de Khodorkovski lui-même...


16.10.11

Vassili Alexanian, une interview inédite.

Le 6 octobre, Vassili Alexanian a été enterré au cimetière Khovanski de Moscou. Il avait été remis en liberté en janvier 2008, après deux ans et demi de détention provisoire et en échange d’une caution de 50 millions de roubles. Durant sa détention il avait refusé de témoigner à charge contre Mikhail Khodorkovski et Platon Lebedev, ce que l’on exigeait de lui pour le libérer. Dans les rares moments où Alexanian ne se sentait pas trop mal, il racontait au journal russe The New Times comment on continuait à le harceler, lui et ses proches. Il repoussait la publication de cette interview pour ne pas risquer de nuire par ses jugements tranchés à ses collègues encore emprisonnés. Après son décès The New Times publie des extraits de ces discussions.

Après la mort en détention provisoire de Sergueï Magnitsky, le juriste du fond d’investissements Hermitage Capital, on a commencé a évoquer publiquement l’état de la médecine pénitentiaire. On peut recevoir des soins en prison ?

Je voudrais pouvoir oublier ce cauchemar. C’est un enfer, dans lequel des gens ordinaires se rendent « à leur travail » et font le mal. Cela ne leur pose aucun problème. Si à la suite de mon cas on avait pris des mesures radicale, Sergueï Magnitsky serait encore en vie, Dieu ait son âme… Il aurait fallu priver à temps tous ces gens de leurs possibilités de faire le mal. A l’intérieur de la prison, vous n’arriverez jamais à vous y retrouver, ils se couvrent tous réciproquement, leur seul souci, c’est d’échapper à leurs responsabilités. Ils pondent des papiers, des attestations… A la « Matrosska » (la prison Matrosskaya Tishina), ce qu’il faut, ce n’est pas inspecter les cellules, c’est simplement se rendre à la morgue et demander – C’est qui ? Et lui, c’est qui ?

Pourquoi est-ce que l’on refusait de vous transférer dans un hôpital civil, alors que vous étiez gravement malade ?

Quand j’étais en prison, des gens venaient me voir et me disaient que Setchine [Igor Setchine est vice-premier ministre de la Fédération de Russie, PDG de Rosneft et ami proche de Poutine. Il est considéré comme le "commanditaire" de l'Affaire Yukos. NdT.] avait donné l’ordre de ne pas me laisser sortir vivant. Voilà le genre d’histoire à faire peur qu’on me transmettait.

Qui ? Les enquêteurs ? Les policiers ?

C’est très compliqué à expliquer. Ca peut prendre des formes différentes en prison. On te colle un nouveau voisin de cellule et il te chuchote quelque chose à l’oreille, ou bien soudain on te transfère quelque part et le chef d’escorte raconte quelque chose dans ton dos… Toutes leurs méthodes de pression psychologique sont au point depuis longtemps.

Après votre libération, on vous a laissé tranquille ?

Non, ils me harcèlent sans arrêt. C’est insupportable à vivre. Ils terrorisent les gens qui travaillent avec moi, qui essaient de m’aider. Je ne veux pas que d’autres personnes en pâtissent ! Mon chauffeur s’est fait arrêter deux fois, pour avoir soi-disant renversé un piéton, ou bien causé un accident et pris la fuite. Alors que la voiture était restée au garage toute la semaine ! Ils n’arrivent même pas à se mettre d’accord sur l’histoire : à un poste de police ils disent une chose, à un autre poste, ils donnent une autre version. Le chauffeur m’appelle, complètement paniqué, je contacte mes avocats… Le pouvoir ne me laisse pas tranquille un instant. Mes parents deviennent fous, ils ont peur qu’on me renvoie en prison et qu’on ne me laisse plus jamais sortir.

Mais pourtant le dossier est clos, pourquoi est-ce qu’on ne vous fiche pas la paix ?

Ils harcèlent tous ceux qui me viennent en aide. Par exemple, le médecin qui me maintient à flots. Même lui, ils sont allés le trouver.

Ils veulent qu’il cesse de vous soigner ?

Il lui ont dit : « On l’a laissé sortir en comptant qu’il mourrait dans l’année. »

Carrément ?!

C’est ce qu’il lui ont dit en face. Le problème aussi, c’est que je continue à dépendre d’eux. Tous mes biens sont encore sous séquestre, bien que le dossier dans le cadre duquel la mise sous séquestre a été prononcée soit clos. La juge l’a fait à dessein, sans dissimuler nullement ses motifs. Elle a dit littéralement : « On ne sait jamais, peut-être qu’il sera encore inculpé de quelque chose ? » De sa part c’est un délit caractérisé contre la justice. Ma maison et mon véhicule sont sous séquestre. Je ne peux pas en disposer, les vendre, je peux juste habiter dans la maison. Quant aux biens qui ont été confisqués au moment de la perquisition au titre de pièces à conviction – essentiellement de l’argent liquide, des montres (qui pour le coup n’ont rien à voir avec les actions qu’on m’accuse d’avoir détournées), ils ont tout simplement disparu, alors que les pièces à conviction doivent être conservées avec le dossier et restituées en cas de clôture. En fait ils se les sont tout simplement mises dans la poche, et aucune de mes demandes de restitution n’a reçu de réponse. Quand ils ont pris les montres, ça m’a fait rire et j’ai demandé si par hasard je n’étais pas aussi accusé d’avoir cambriolé une horlogerie. Il faut croire que quelqu’un les porte aujourd’hui au poignet – que leurs mains se dessèchent !!! (pardon, Seigneur...!)

Pourquoi ne partez-vous pas à l’étranger vous faire soigner ?

Les anglais ne m’ont pas accordé de visa. Ils m’ont fourni une explication idiote, soi-disant je n’aurais pas apporté de preuves convaincantes que je reviendrai ensuite en Russie. J’ai un enfant de huit ans à charge, des parents de 73 ans, ce n’est pas suffisant peut-être ? Il faut croire qu’il y a d’autres raisons. Sans doute qu’ils ont peur que je décède là-bas, mais je n’en ai pas du tout l’intention ! Ils m’ont refusé le visa en octobre dernier. Vous pouvez l’écrire – j’estime que c’est une honte ! Mon médecin traitant habite à Londres, c’est lui qui m’avait soutenu devant la Cour Européenne au moment du jugement. J’ai besoin d’aller le voir, de passer des tests médicaux, pour déterminer la suite du traitement. Depuis 1993 je me suis rendu en Grande-Bretagne une soixantaine de fois. Et depuis que l’on m’a rendu mon passeport, j’ai été plusieurs fois à l’étranger, j’ai vu différents médecins. Et je ne suis resté nulle part, je n’ai demandé aucune aide, je n’ai pas demandé l’asile politique. Mais les anglais me refusent l’entrée sur leur territoire…

Interview menée par la journaliste russe Zoïa Svetova, traduction: l'Observatrice

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7.10.11

Vassili, le dernier adieu.

Nous nous sommes retrouvés dans la cour de l'immense cimetière Khovansky, à la périphérie de Moscou, ce jeudi, pour un dernier adieu à Vassili Alexanian. Nous - un peu plus d'une centaine de personnes, alors que je pensais que nous serions des milliers. Nous - la famille et les amis du défunt, ses anciens collègues, les journalistes qui ont suivi son procès, quelques défenseurs des droits de l'homme, et des anonymes sans statut particulier, venus simplement témoigner de leur peine et de leur solidarité.
Jounaliste, avocat, blogueur, ami de la famille... les frontières, depuis le temps, sont devenues floues - le père de Mikhail Khodorkovski vient me demander si je n'ai pas trop froid (il souffle un vent glacial en ce triste automne moscovite)... Le père de Vassili Alexanian fait preuve d'une dignité et d'une gentillesse bouleversante. Nous nous connaissons tous, de nom ou de vue, pour s'être croisés dans un couloir de tribunal, une conférence de presse ou une manif. Depuis près de 10 ans que dure cette affaire absurde et cruelle, nous en sommes venus à former une sorte de grande famille aux liens distants, qui se retrouve lors des grands évènements "familiaux". Nous vieillissons ensemble, nous ici, en liberté, eux là-bas, de l'autre côté des barbelés, dans les cages à barreaux d'acier, dans les prisons de haute-sécurité...
Mais il ne vieillira plus, celui que nous accompagnons aujourd'hui dans son dernier voyage, que nous laisserons dernière nous en quittant cette salle, celui qui était le plus jeune, le plus doué, le plus ardent de cette équipe brillante et solidaire, celui qui a poussé la loyauté jusqu'à la mort, qui a refusé de se sauver en accusant des innocents, tout en sachant qu'ils seraient condamnés tout de même, avec ou sans son témoignage.
Je redoutais une cérémonie civile avec des discours, mais c'est une cérémonie religieuse, très simple, suivant le rite arménien. Un jeune prêtre lit la prière des morts et rappelle combien la vie humaine est pauvre et fragile sans la Foi. Vassili était croyant, passionnément. C'était ce qui lui donnait sa force. Comme c'est l'usage dans l'Eglise orthodoxe, le cercueil est exposé, ouvert, au milieu de la salle, et je ne suis pas près d'oublier le beau visage pale et sévère, figé dans la mort. Reposez en paix, Vassili...


Protège-moi, Seigneur, du vent glacé de la mort qui me tourmente.
Que l'Esprit tout-puissant de Ta paix me recouvre.
Gloire à Toi pour les siècles des siècles. Amen.

Grégoire de Narek, poète arménien du Xe siècle.

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3.10.11

Vassili Alexanian est décédé

Aujourd'hui 3 octobre 2011 Vassili Alexanian est décédé à son domicile des environs de Moscou, entouré de ses proches. Le jeune avocat, diplômé de l'Université de Moscou et de Harvard aurait dû fêter ses quarante ans le 15 décembre prochain. Mais les deux années passées en détention provisoire, privé de soins alors qu'il était séropositif, ont eu raison de ses forces. Arrêté le 6 avril 2006, quelques jours seulement après sa nomination à la tête de la compagnie pétrolière Yukos, il avait subi pendant ses deux ans de détention un chantage odieux destiné à le forcer à témoigner contre son ancien patron, Mikhail Khodorkovsky. Maintenu dans ces cellules insalubres, non chauffées, sans accès aux antirétroviraux qui auraient pu freiner l'évolution de la maladie, il avait vu sa santé décliner rapidement: sida, tuberculose, lymphome... Après trois décisions de la Cour Européenne de Justice et une mobilisation sans précédent en Russie et à l'étranger, il avait été transféré le 8 février 2008 dans une clinique civile, où il était resté sous escorte, parfois attaché par une chaine sur son lit d'hôpital, jusqu'au 30 décembre 2008, date de sa libération sous caution. Le 24 juin 2010, les poursuites contre lui avaient été abandonnées à la fin du délai de prescription.

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2.11.10

Le Figaro: Au dernier jour de son procès, Khodorkovski charge Poutine

L'ancien PDG du géant pétrolier Ioukos risque une nouvelle condamnation à quatorze ans de colonie.

Au dernier jour de son second procès, Mikhaïl Khodorkovski s'est livré à une violente critique du régime russe. Déjà condamné à huit ans de colonie pénitentiaire pour fraude fiscale, l'ancien PDG du géant pétrolier Ioukos risque une nouvelle condamnation, plus sévère, et se présente comme un prisonnier politique.

Derrière la vitre blindée du box, la sobriété de l'accusé, chemise et veste noires, fines lunettes sans monture, n'a d'égale que la virulence de ses propos. Rival maudit de Vladimir Poutine, il lui impute sans détour son arrestation et son emprisonnement à l'automne 2003: «On m'a informé que le président Poutine avait décidé de me faire bouffer de la kacha pendant huit ans.»

Sept ans de colonie sibérienne et des kilos de gruau plus tard, l'ancien magnat du pétrole refuse de revenir sur le fond de cette seconde affaire. «Personne ne s'attend sérieusement à ce que je plaide coupable», lance-t-il, balayant les charges colossales qui pèsent contre lui et son ancien associé, Platon Lebedev, accusés d'avoir détourné 200 millions de tonnes de pétrole entre 1996 et 2003, soit la quasi-totalité de la production de pétrole de Ioukos sur cette période. Le parquet a requis quatorze ans de colonie.

Testament politique

Dans l'attente du jugement, qui sera rendu le 15 décembre, Khodorkovski préfère «parler d'espoir» et faire de son dernier plaidoyer un testament politique. Car malgré «la honte pour cet État qui ment, torture, prend en otage», il garde «l'espoir que la Russie devienne un État de liberté et de droit (…), un État où les droits de l'homme ne dépendront plus de l'humeur du tsar, bonne ou mauvaise».

Entassées dans la petite salle d'audience, sa mère et quelques-unes des anciennes employées de Ioukos pleurent en silence. Il les regarde longuement, avant de défier le juge: «Je ne veux pas mourir en prison. Mais mes convictions valent que je risque ma vie. Dans ce tribunal se joue non seulement mon destin, mais celui de chaque citoyen de ce pays.» Les applaudissements fusent. «Svoboda!», «Liberté!».

À l'époque du premier procès, la majorité des Russes ne voyaient en Khodorkovski qu'un oligarque avide, enrichi sur les ruines fumantes de l'URSS.

Mais depuis vingt mois que s'éternise ce second procès, il semble avoir gagné ses galons de prisonnier politique. Selon la dernière enquête de l'institut indépendant Levada, 42% des sondés estiment que l'issue du procès se déroulera «dans les couloirs du pouvoir».

Présent à l'audience, Mikhaïl Kassianov, premier ministre pendant le premier mandat présidentiel de Poutine, en appelle au sommet de l'exécutif: «Cet homme n'a rien fait. Il faut le libérer. Malheureusement ce n'est pas Dmitri Medvedev, mais Vladimir Poutine qui décide.»

Par Madeleine Leroyer

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25.6.10

Point final dans l'Affaire Alexanian

Aujourd'hui enfin la justice russe a clôt le dossier Alexanian. Il ne faut pas y voir un geste d'humanité. A l'expiration du délai de prescription, ni le juge, ni le procureur ne peuvent empêcher la clôture du dossier. Seul le prévenu lui même en a le droit, s'il veut obtenir un non-lieu et une compensation.
Ce n'est pas le choix qu'a fait Alexanian. Il ne peut pas se permettre de gaspiller du temps et des forces à se battre contre la pseudo-justice russe. Le plus important pour lui à présent est de recouvrer l'ensemble de ses droits civiques, et notamment la possibilité de quitter le territoire russe. Cela fait plus d'un an qu'il demande l'autorisation de se rendre à l'étranger pour être soigné.
Les proches et les sympathisants d'Alexanian poussent aujourd'hui un soupir de soulagement. Mais un grand sentiment d'amertume demeure.
Ceux qui connaissent Vassili savent bien que si sa santé le lui permettait, il se battrait jusqu'au bout pour prouver son innocence. Et donc d'une certaine façon, ceux qui l'ont maintenu en prison et torturé pendant deux ans ont obtenu au moins partie nulle. Il n'ont pas réussi à le forcer à témoigner contre ses anciens employeurs de Yukos, mais leur stratégie a fonctionné en partie.
Amertume aussi parce que le témoignage courageux d'Alexanian devant la Cour Suprême russe n'a pas provoqué les réactions que l'on était en droit d'attendre. Le placement en détention provisoire est toujours synonyme de chantage et de torture, il y a eu depuis plusieurs cas de décés, dans la même prison et dans des circonstances effroyables...

Et enfin et surtout - pourquoi Alexanian a t-il passé deux ans en détention?

- Il était inculpé de délits qui n'existaient pas dans le code pénal à l'époque où il les aurait soi-disant commis. Lors de son arrestation, l'acte d'accusation faisait référence à l'article 174.1, qui n'est apparu dans le code pénal qu'en 2002, alors que les épisodes mentionnés dataient de 1998-1999. L'acte d'accusation était donc à l'époque invalide. Il a été subrepticement corrigé quelques mois plus tard.

- Les juges qui ont décidé de son placement en détention s'appuyaient en particulier sur un document informatique qui avait soi-disant été retrouvé dans l'ordinateur du département juridique de Yukos, et qui décrivait les différents moyens par lesquels les employés de Yukos pouvaient contourner la loi. Ce document faisait donc d'Alexanian un personnage dangereux, susceptible d'entraver la bonne marche de l'enquête si on le laissait en liberté. Or on a appris il y a quelques semaines que ce document avait été élaboré non pas au sein de l'entreprise Yukos, mais... par Ribyne, PDG de East-Petroleum, l'un des adversaires les plus acharnés de Khodorkovsky et partie-civile dans le procès.
Cet élément de l'affaire a peu été repris par les médias, mais l'usage par le parquet général de ce genre de faux grossier est pour le moins scandaleux!

Et donc si l'on résume : Alexanian a été arrêté sur la base d'un acte d'accusation invalide, il a été maintenu deux ans en détention à cause d'un faux grossier. Durant ces deux années il a été l'objet de chantage et de mauvais traitements, son état de santé s'est dégradé jusqu'à mettre sa vie en péril... Difficile donc de vraiment se réjouir aujourd'hui, même si la persécution d'Alexanian par les autorités russes touche à sa fin.

Ils l'auront d'ailleurs tourmenté jusqu'au bout: pour rendre leur décision, les juges ont exigé qu'Alexanian soit présent en personne au tribunal, alors même que les médecins lui défendent d'apparaître en public à cause de son grave déficit immunitaire. Le jeune avocat est apparu extrêmement amaigri, le bas du visage protégé par un masque chirurgical. Il avait visiblement du mal à parler et s'interrompait souvent pour tousser...

L'Observatrice

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Le Figaro: Plus de procès pour un ancien de Ioukos

Un tribunal russe a décidé de clore la procédure judiciaire en cours à l'encontre de Vassili Aleksanian, un ancien dirigeant du groupe pétrolier Ioukos accusé de détournement d'argent et gravement malade, estimant que le délai de prescription avait expiré. "Il convient de clore la procédure parce que le délai de prescription a expiré", a déclaré Olga Nedelina, juge au tribunal moscovite Simonovski.

En détention provisoire depuis plus de quatre ans, Vassili Aleksanian, 37 ans, est atteint d'un cancer et du sida. Ce matin, ce brillant avocat formé à Harvard était présent aux auditions, malgré un état de santé très préoccupant, a constaté un journaliste de l'AFP. Vêtu chaudement et portant un masque, il toussait souvent et avait des difficultés à parler.

"Je suis un avocat diplômé. Je comprends parfaitement les conséquences d'une clôture de l'affaire sans réhabilitation. Je n'ai pas d'objections", a-t-il déclaré dans la matinée. Il ne pourra pas notamment réclamer de compensations morales.

M. Aleksanian fut le chef du service juridique de Ioukos, ancien numéro un du pétrole russe, où il oeuvra à la mise aux normes de transparence de l'entreprise, au passé opaque comme tous les groupes russes issus des privatisations des années 1990.
Il avait été interpellé le 6 avril 2006, deux jours après sa nomination à la vice-présidence de Ioukos, alors même qu'il avait pour mission d'éviter un démantèlement expéditif du groupe, en redressement judiciaire.

Sa décision d'occuper ce poste avait à l'époque étonné, certains y voyant un "suicide", vu le nombre de responsables de Ioukos poursuivis, ou du moins un signe d'extrême loyauté à Mikhaïl Khodorkovski, l'ex-PDG de Ioukos, incarcéré depuis 2003. En février 2008, il avait obtenu son transfert d'une prison moscovite dans une clinique civile après une longue bataille juridique et une mobilisation des défenseurs des droits de l'Homme.

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4.3.09

Le Monde : Le Kremlin s'acharne contre l'ancien patron du groupe pétrolier Ioukos

Condamné en 2005 à huit ans de réclusion pour escroquerie et évasion fiscale, l'ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, doit désormais répondre à de nouvelles accusations de détournement de fonds et de blanchiment d'argent. Rapatrié de sa geôle sibérienne de Tchita le 24 février, l'homme de 45 ans a assisté à l'ouverture de son procès, mardi 3 mars, derrière une vitre blindée du tribunal moscovite de Khamovnitcheski.

Des centaines de policiers ont été mobilisées à l'occasion de la première journée d'audience, consacrée à des questions de procédure. Une dizaine de militants réclamant "la libération des prisonniers politiques" ont été interpellés devant le tribunal avant l'ouverture du procès.

Mikhaïl Khodorkovski est accusé d'avoir détourné 892 milliards de roubles (20 milliards d'euros) issus de la vente de pétrole en provenance de trois filiales de Ioukos, ainsi que d'avoir blanchi l'équivalent de 10 milliards d'euros. Selon le code pénal russe, vingt et une années supplémentaires de prison pourraient être ajoutées aux neuf qu'il a commencé à purger.

"Il n'y a pas de preuves", a déploré Vadim Kliouvgant, l'avocat principal de la défense, qui a demandé le renvoi de l'un des procureurs. "Ils ne cherchent pas à respecter la loi, mais tentent plutôt d'obtenir à tout prix ce pour quoi ils ont été mandatés." Selon les avocats de Khodorkovski, l'acte d'accusation n'est pas crédible: la quantité de pétrole que l'ancien patron de Ioukos est accusé d'avoir détourné dépasse la production totale de ses trois filiales pour la période concernée.

ENTREPRISE DÉPECÉE

Arrêté en 2003 et condamné en 2005 à l'occasion d'un procès jugé "politique", l'ancien riche oligarque opposé à Vladimir Poutine, ne faisait pas mystère à l'époque de ses ambitions politiques. Après son arrestation, Ioukos a été dépecée, et ses différentes structures reprises par des sociétés fidèles au Kremlin.

Le nouveau procès de Mikhaïl Khodorkovski, qui se déroule alors que Dmitri Medvedev célèbre le premier anniversaire de l'élection présidentielle qui l'a porté au pouvoir, aura-t-il lieu sous les mêmes auspices ? Lundi, M. Khodorkovski voulait croire que des "changements institutionnels positifs" étaient en cours, notamment pour la justice, "qui commence à agir comme une branche indépendante du pouvoir".

"Il y a certainement des divergences entre les différentes factions au Kremlin concernant Khodorkovski, estime le politologue Vladimir Pribylovski. Mais rien de suffisant pour ébranler le duo en place au sommet de l'Etat, même s'il y a fort à parier que Medvedev aurait souhaité ne pas ressasser cette affaire. Sauf que Medvedev n'est pas un homme politique indépendant, le numéro un reste Poutine."

M. Khodorkovski a commenté lundi le procès qui débute, disant que "le spectacle ne sera pas inintéressant". Vu les 3 500 pages de l'accusation, il sera de longue durée.

Alexandre Billette
3.3.09

AFP via L'Express : Russie: l'ex-magnat du pétrole Khodorkovski retrouve le banc des accusés

MOSCOU - L'ex-magnat du pétrole russe Mikhaïl Khodorkovski comparaît depuis mardi dans un nouveau procès que la défense présente comme un test de la volonté de réforme du système judiciaire affichée par le président Dmitri Medvedev.

L'ancien PDG du géant pétrolier Ioukos, déjà condamné à huit ans de prison en 2005 au terme d'un premier procès orchestré selon son entourage par le Kremlin, et son associé Platon Lebedev se sont serré la main en prenant place dans le box des accusés.

Changement de décor très symbolique pour cette nouvelle affaire dont chaque rebondissement sera scruté de près, une vitre blindée a remplacé la traditionnelle cage à barreaux.

Les premières audiences préliminaires, destinées à examiner des questions de procédure, se déroulent à huis clos. Elle doivent se poursuivre mercredi à partir de 11H30 (08H30 GMT).

L'ex-PDG et son associé comparaissent pour le détournement de pétrole à hauteur de 900 milliards de roubles (25 milliards de dollars) et le blanchiment des sommes tirées de la revente de ce brut, des accusations jugées "délirantes" par leurs avocats.

La défense, qui dénonce un nouvelle affaire politique, a réclamé le renvoi du procureur Dmitri Chokhine, déjà omniprésent dans le premier procès de M. Khodorkovski, une demande rejetée mardi par le juge.

"Ils veulent à tout prix arriver à leur fins (..) Ils n'ont aucune preuve. Comment pourrait-il y en avoir quand rien n'a été commis ?", a affirmé l'avocat Vadim Kliouvgant devant la presse.

Le premier procès a souvent été perçu comme inspiré par l'entourage de Vladimir Poutine, alors président, pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un oligarque aux ambitions politiques trop affirmées.

M. Khodorkovski, 45 ans, en manteau noir et en jeans, des lunettes fines sur le nez, a souri aux journalistes, mais n'a fait aucune déclaration.

"Honte", avait-il lancé un peu plus tôt en arrivant dans un fourgon blindé au tribunal, gardé par quelque 300 policiers et membres des forces spéciales, ont rapporté les agences russes.

Plusieurs sympathisants, qui protestaient contre le procès en scandant "Liberté pour Khodorkovski", ont été interpellés devant le tribunal, ont constaté des photographes de l'AFP.

Ce nouveau procès intervient un an après l'élection, le 2 mars 2008, de Dmitri Medvedev qui prône une plus grande indépendance de la justice mais dont la ligne reste floue dans cette affaire.

Semblant miser sur une nouvelle approche politique, M. Khodorkovski s'est félicité lundi de "changements institutionnels positifs" en Russie.

Au moment de l'arrivée de M. Medvedev au Kremlin en mai 2008, la défense de l'ex-PDG avait estimé que "les temps avaient changé". Mais les espoirs de libération anticipée de M. Khodorkovski sont restés jusqu'ici lettre morte.

Le libérer "reviendrait à remettre en question le partage du pouvoir et de la propriété instauré par l'équipe de Poutine", commentait mardi l'influent quotidien des affaires Vedomosti dans un éditorial.

L'ex-oligarque reste très impopulaire dans l'opinion, nombre de Russes lui reprochant de s'être enrichi illégalement à l'occasion des privatisations controversées des années 90.

AFP via Le Matin : Russie: l'ex-magnat Khodorkovski retrouve le banc des accusés

L'ex-PDG du géant pétrolier Ioukos Mikhaïl Khodorkovski et son associé Platon Lebedev comparaissent pour des détournements et des opérations financières illégales à hauteur de 900 milliards de roubles (25 milliards de dollars) entre 1998 et 2003.

L'ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, condamné à huit ans de prison en 2005 au terme d'un procès emblématique de l'ère Poutine, est à nouveau jugé depuis mardi pour une affaire dans laquelle il encourt de lourdes peines.

L'ancien PDG du géant pétrolier Ioukos, visiblement détendu, et son associé Platon Lebedev se sont serré la main en prenant place dans le box des accusés.

"L'audience est ouverte", a déclaré le président du tribunal, Viktor Danilkine. Cette audience préliminaire, destinée à examiner des questions de procédure, s'est ensuite tenue à huis clos.

Changement de décor très symbolique alors que la défense espère plus de transparence dans ce procès, un an après l'arrivée de Dmitri Medvedev au Kremlin, une vitre blindée a remplacé la traditionnelle cage à barreaux pour les accusés.

L'ex-PDG et son associé comparaissent pour des détournements et des opérations financières illégales à hauteur de 900 milliards de roubles (25 milliards de dollars), des accusations jugées "absurdes et délirantes" par la défense qui dénonce un procès politique.

Son précédent procès avait déjà été considéré par les milieux libéraux comme inspiré par l'entourage de Vladimir Poutine, alors président, pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un oligarque aux ambitions politiques trop affirmées.

M. Khodorkovski, 45 ans, arrivé en manteau noir et en jeans, des lunettes cerclées sur le nez, a souri aux journalistes depuis le box des accusés mais n'a fait aucune déclaration.

Un peu plus tôt, il avait crié "honte" en arrivant dans un fourgon blindé au tribunal, gardé par quelque 300 policiers et forces spéciales, ont rapporté les agences russes. Des sympathisants lui ont alors jeté des oeillets à travers les grilles entourant le bâtiment. Quatre d'entre eux, qui protestaient contre la tenue du procès, ont été interpellés devant le tribunal, a rapporté la radio Echo de Moscou.

Ce nouveau procès intervient un an jour pour jour quasiment après l'élection, le 2 mars 2008, de Dmitri Medvedev qui prône une plus grande indépendance de la justice, mais dont les intentions restent floues dans cette affaire.

Semblant espérer une nouvelle approche politique, M. Khodorkovski s'est félicité lundi de "changements institutionnels positifs" en Russie et a assuré que son nouveau procès serait un "spectacle non dénué d'intérêt".

A l'arrivée de Dmitri Medvedev à la présidence en mai 2008, la défense de l'ex-PDG avait déjà estimé que "les temps avaient changé". Mais les espoirs de libération anticipée de M. Khodorkovski, qui a déjà purgé plus de la moitié de sa peine, sont restés jusqu'ici lettre morte.

L'ex-oligarque reste très impopulaire dans l'opinion, nombre de Russes lui reprochant de s'être enrichi illégalement lors des privatisations controversées des années 90. Fils d'ingénieurs, lui-même diplômé en chimie, Mikhaïl Khodorkovski s'est construit un empire autour de la compagnie Ioukos qu'il acheta avec ses associés pour 390 millions de dollars et qui valait plus de 30 milliards de dollars lors de son arrestation en 2003.

Le groupe a depuis été démantelé et ses actifs revendus à des groupes publics russes.

L'ex-homme le plus riche de Russie et son associé ont été envoyés en Sibérie purger leur peine, près de la frontière chinoise. Ils ont été transférés à Moscou le 24 février en vue de ce nouveau procès.

L'ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, condamné à huit ans de prison en 2005 au terme d'un procès emblématique de l'ère Poutine, est à nouveau jugé depuis mardi pour une affaire dans laquelle il encourt de lourdes peines.

L'ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, condamné à huit ans de prison en 2005 au terme d'un procès emblématique de l'ère Poutine, est à nouveau jugé depuis mardi pour une affaire dans laquelle il encourt de lourdes peines.

L'ancien PDG du géant pétrolier Ioukos, visiblement détendu, et son associé Platon Lebedev se sont serré la main en prenant place dans le box des accusés.

Libération : Russie: le magnat Khodorkovski de nouveau devant les juges

L’ex-PDG du géant pétrolier Ioukos comparait pour des détournements et des opérations financières illégales à hauteur de 25 milliards de dollars. Mais le procès est aussi éminemment politique

Mikhaïl Khodorkovski de nouveau à la barre. Le second procès de l’ex-magnat du pétrole russe, déjà condamné à huit ans de prison en 2005 s’est ouvert ce mardi à Moscou. Il encourt plus de 20 ans supplémentaires pour des malversations à grande échelle, La première audience, préliminaire, doit examiner avant tout des questions de procédure.

L’ex-PDG du géant pétrolier Ioukos et son associé Platon Lebedev comparaissent pour des détournements et des opérations financières illégales à hauteur de 900 milliards de roubles (25 milliards de dollars) entre 1998 et 2003.
Des sympathisants lui jettent des œillets

Khodorkovksi, 45 ans, a crié «honte» en arrivant dans un fourgon blindé au tribunal. Des sympathisants lui ont alors jeté des œillets à travers les grilles entourant le bâtiment.

Son précédent procès a souvent été perçu comme inspiré par l’entourage de Vladimir Poutine, alors président, pour rétablir le contrôle de l’Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un oligarque aux ambitions politiques trop affirmées. Dmitri Medvedev prône, lui, une plus grande indépendance de la justice mais ses intentions restent floues dans cette affaire.
Des «changements institutionnels positifs» en Russie

Semblant espérer une nouvelle approche politique, Mikhaïl Khodorkovski s’est félicité ce lundi de «changements institutionnels positifs» en Russie et a assuré que son nouveau procès serait un «spectacle non dénué d’intérêt». A l’arrivée de Medvedev à la présidence en mai 2008, la défense de l’ex-PDG avait déjà estimé que «les temps avaient changé». Mais les espoirs de libération anticipée sont restés jusqu’ici lettre morte.

L’ex-oligarque qui a déjà purgé plus de la moitié de sa peine reste très impopulaire dans l’opinion, nombre de Russes lui reprochant de s’être enrichi illégalement lors des privatisations controversées des années 90.

Le Monde : "Tout est fait pour que Mikhaïl Khodorkovski ne sorte pas de prison"

'ancien oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski est arrivé, mardi 3 mars, au tribunal de Khamovnitcheski à Moscou, où il devra répondre de détournement de fonds et blanchiment d'argent. Le parquet accuse Mikhaïl Khodorkovski, 45 ans, et son associé Platon Lebedev, d'avoir détourné près de 900 milliards de roubles (20 milliards d'euros) et blanchi 500 milliards de roubles, entre 1998 et 2003, des charges qui pourraient lui valoir vingt-deux années supplémentaires derrière les barreaux.

Ce procès sera un test de la volonté affichée par le président russe, Dmitri Medvedev, de réformer un système judiciaire corrompu, estime la défense de l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos. Autrefois l'homme le plus riche de Russie, Mikhaïl Khodorkovski, qui comparaît pour une audience préliminaire, a déjà purgé dans la prison de Tchita, en Sibérie, près de la frontière chinoise, la moitié des huit ans de prison auxquels il a été condamné en 2005 pour évasion et fraude fiscales. Il n'était plus venu dans la capitale russe depuis la fin 2005.

"TOUT EST FAIT POUR QU'IL NE SORTE PAS"

L'homme aux fines lunettes et aux cheveux ras, aujourd'hui âgé de 45 ans, est souvent présenté par les détracteurs du Kremlin comme un prisonnier politique, coupable avant tout d'avoir affiché trop d'indépendance et d'ambitions politiques face à Vladimir Poutine.

"Sans ce deuxième procès, Mikhaïl Khodorkovski devait retrouver la liberté en 2011, un an avant la prochaine élection présidentielle. Aujourd'hui, tout est fait pour qu'il ne sorte pas de prison", rappelle Marie Jégo, correspondante du Monde à Moscou.

Le procureur général Iouri Tchaïka estime que la culpabilité de MM. Khodorkovski et Lebedev ne fait "aucun doute". Ce procès intervient un an après l'élection au Kremlin de Dmitri Medvedev, dont l'attitude dans ce dossier reste floue et dont certains continuent d'attendre plus d'indulgence que de son prédécesseur Vladimir Poutine.

"C'est un cas d'une grande importance parce qu'il dira à chacun de nous où va la Russie", a déclaré Robert Amsterdam, l'avocat de Mikhaïl Khodorkovski, joint par téléphone à Londres. "Le fait que le président russe ait dénoncé le nihilisme judiciaire place ce processus dans un nouveau contexte", a-t-il ajouté.

Pour Marie Jégo, si une majorité de Russes continuent de voir en Mikhaïl Khodorkovski "un oligarque impopulaire qui a gagné beaucoup d'argent dans le cadre des privatisations de l'époque Eltsine", l'intelligentsia éprouve de plus en plus "une forme de sympathie à son égard".

Le Figaro : Khodorkovski promet «du spectacle» à son procès

Les audiences préliminaires du second procès de l'ancien PDG de Ioukos, qui fut le plus puissant groupe pétrolier du pays, s'ouvrent aujourd'hui à Moscou.

Près de quatre ans après sa condamnation pour fraude et évasion fiscales, Mikhaïl Khodorkhov­ski doit faire face à de nouvelles accusations de «détournement de biens», «détournement de fonds» et «opérations financières illégales».

«Je vous promets la transparence et la clarté. Je n'esquiverai pas. Je vous garantis qu'il va y avoir du spectacle.» C'est ce que Khodorkovski a confié ce week-end à ses avocats à l'adresse des journalistes qu'il ne peut rencontrer. Même accoutrement - fines lunettes, jean, sweat-shirt - et même combativité affichée, comme pour mieux narguer ce pouvoir qui l'a envoyé croupir dans le camp sibérien de Tchita, à quinze détenus par cellule et deux visites de trois heures par mois.

Arrêtés à l'automne 2003 pour fraude et évasion fiscales, condamnés en 2005 à huit ans de travaux forcés, Khodorkovski et son ancien associé, Platon Lebedev, sont aujourd'hui accusés d'avoir volé 102 millions de dollars de parts de Ioukos et 350 millions de tonnes de pétrole brut pour un montant de 25 milliards de dollars.

Cela implique que les deux hommes auraient volé et blanchi la totalité de la production de pétrole des filiales de Ioukos six années durant. «Ce sont des accusations totalement folles. L'instruction piétine l'État de droit !», hurle l'avocat canadien Robert Amsterdam, joint lundi à Londres faute de pouvoir se rendre à Moscou.

«Violations de la procédure»

«J'ai eu accès aux quatorze tomes du dossier. Il n'y a là aucun respect des lois, aucune logique. C'est une nouvelle fois une instruction à charge», martèle Vadim Kliouvgant, l'avocat russe qui suit spécialement cette nouvelle enquête ouverte il y a deux ans.

«Avocats intimidés, témoins emprisonnés... Longue est la liste des violations de la procédure. Ce procès ne devrait même pas pouvoir se tenir tant il est entaché d'irrégularités !», dénonce Robert Amsterdam, qui réclame l'annulation du procès. «J'attends de voir ce qui va transpirer de ces audiences préliminaires, mais après plus de cinq ans sur cette affaire, et après tant de souffrances, je ne pense pas que quiconque puisse se permettre d'espérer», confie encore l'avocat canadien.

Dans sa chute, Khodorkovski a entraîné tous ses fidèles. Après trois ans de prison, son ancien vice-président, Vassili Aleksanian, atteint du sida et d'un cancer, a été libéré sous caution en décembre. «Libéré» signifie que ses gardes ont quitté la chambre où il est toujours hospitalisé. Svetlana Bakhmina, l'ancienne juriste du groupe, n'a pas eu cette chance. Condamnée en 2004 à six ans et demi de prison pour complicité de vol et de fraude fiscale, elle vient d'accoucher en prison de son troisième enfant. Une pétition pour sa libération rassemble 93 588 signatures, mobilisation rare dans un pays où l'oligarque déchu et ses associés sont toujours considérés comme des voleurs.

La dernière étude de l'institut Levada, réalisée en octobre à l'occasion du cinquième anniversaire de l'arrestation de Khodor­kovski, révèle que seuls 7 % des sondés lui témoignent de «la sympathie et du respect» tandis que la majorité déclare ne pas s'intéresser à son affaire.

En 2003, au moment des premières arrestations, Maria Lipman, du Centre Carnegie de ­Moscou, écrivait : «Une fois que Poutine lui aura montré qui était le chef et l'aura dépossédé de ses millions, on peut espérer qu'il se calme.» Mais on ne calme pas si aisément Vladimir Poutine : «Je crains d'avoir été bien trop optimiste, reconnaît-elle aujourd'hui. Même si Poutine n'est plus président, il est toujours celui qui décide. Tant qu'il sera aux affaires, Khodorkovski croupira en prison. Poutine n'est pas de ceux qui oublient.»

En janvier, la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg a accepté d'examiner la plainte déposée par les anciens actionnaires de Ioukos. Ils accusent le gouvernement russe de s'être illégalement emparé de l'entreprise (démantelée au profit du groupe d'État Rosneft) et réclament plus de 30 millions d'euros.

Une décision qui réconforte quelque peu Robert Amsterdam : «En ces temps de crise économique mondiale, grande est la tentation de faire l'impasse sur les droits de l'homme. Je pense au contraire qu'il est temps de retourner aux fondamentaux car ce sont les dérives de l'État de droit qui nous ont menés dans l'impasse.»

Madeleine Leroyer, à Moscou
2.3.09

Gazeta.ru via Courrier International : Dmitri Medvedev à l'épreuve de l'affaire Ioukos

Le second procès Ioukos s'ouvre le 3 mars à Moscou. Il offre au nouveau président russe l'occasion de rompre avec l'époque de son prédécesseur. Cependant, rien ne permet de dire s'il est prêt à oublier les méthodes de Vladimir Poutine.

Le second procès Ioukos est le premier procès Ioukos de l'ère Medvedev. C'est aussi une preuve flagrante que cette ère n'a toujours pas débuté, et que nous sommes encore dans l'ère Poutine. Quoi qu'il en soit, si les choses se déroulent comme la première fois, c'est bien le jeune président qui sera éclaboussé par cette affaire. Et il promet d'être intéressant, ce second procès. Tout d'abord, il se déroule à Moscou, au tribunal de Khamovniki [nom d'un quartier de la capitale], ce qui signifie que la presse n'aura pas à aller au bout du monde pour en rendre compte [certaines audiences judiciaires avaient eu lieu en Sibérie orientale].

Pour l'accusation, manifestement, la solution idéale serait que le procès se tienne sans témoins, sans avocats et sans couverture médiatique. Il serait alors plus simple d'accuser l'ancien PDG de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, et son ex-associé, Platon Lebedev, d'avoir, entre 1998 et 2003, fait disparaître 350 millions de tonnes de pétrole. Selon les chiffres officiels, Ioukos et ses trois filiales auraient extrait en tout 347 millions de tonnes d'or noir durant cette fameuse période. Cela voudrait dire qu'ils auraient détourné l'ensemble de leur production, et même un peu plus. L'argent que représente ce pétrole volé équivaudrait, d'après l'instruction, aux bénéfices de la société sur cette période.

Mais, au fait, avec quoi ont-ils payé pour les années concernées près de 17 milliards de dollars d'impôts, une somme que la justice a trouvée insuffisante, ce qui a constitué l'objet du procès précédent [en 2005] et le moyen d'anéantir Ioukos ? Si je comprends bien, ce dont on accuse aujourd'hui Khodorkovski est en totale contradiction avec le verdict du premier procès : il aurait volé tout l'argent gagné entre 1998 et 2003, alors qu'on l'a condamné pour ne pas avoir payé tous ses impôts. Du coup, à quoi riment les huit années d'emprisonnement qu'il est en train de purger ? Des gens intelligents m'ont répété que le pouvoir a maintenant bien d'autres soucis que Khodorkovski, et qu'il doit avant tout s'occuper de la crise. C'était ce que je pensais aussi. En effet, ce deuxième procès a lieu dans un pays qui n'a plus rien à voir avec celui du premier. A l'époque, le prix du pétrole s'emballait, le pouvoir jouait sur du velours, les gens avaient du travail, des revenus, ils étaient contents de leurs dirigeants, et aucun des dix plus grands oligarques n'avait été mis en prison. Mais au fond, peut-être que, dans la grave situation actuelle, un nouveau procès mettant en cause un oligarque tombe à pic ? Comme me l'a dit récemment un de mes collègues, le pouvoir dispose toujours, au pire, d'une formule qui a fait ses preuves : "Sus aux oligarques".

Pourtant, j'ai l'impression que même une foule avide de grand spectacle aura du mal à comprendre pourquoi on monte un nouveau show en reprenant les mêmes acteurs, qui sont déjà en détention et dont on ne peut plus rien tirer. La Russie est dirigée par deux juristes [telle est la formation universitaire de Medvedev et Poutine]. Poutine, on le connaît à peu près. Mais Medvedev ? Je l'ai déjà dit et je le répète, ce n'est pas "son affaire", et pourtant elle le deviendra dès l'ouverture du procès devant le tribunal de Khamovniki. Je ne pense pas que Dmitri Medvedev ait rêvé de cela. Mais c'est ainsi. Il sera jugé, entre autres, sur ce qui se passera lors du deuxième procès de Khodorkovski et de Lebedev, par les élites russes et étrangères. Et même, dans une certaine mesure, par une partie des simples citoyens, ceux qui réfléchissent et qui, depuis plusieurs mois, ont perdu le réflexe de manifester une joie infantile à propos de chaque décision du gouvernement. Quelle que soit la vraie structure du pouvoir, il tente de faire croire qu'il a deux visages. Avec le tribunal de Khamovniki qui reprend le rôle du tribunal de Basmanny [autre quartier de Moscou, où avait eu lieu le premier procès], cette illusion vole en éclats.

On peut toutefois ne pas réitérer l'erreur de Poutine. Celle-ci a entraîné un très grand nombre d'erreurs connexes qui ont mené le pays dans la siutation actuelle. Medvedev peut encore fixer ses propres priorités, en préférant, par exemple, le droit au populisme. Il a encore le choix, à condition bien sûr que ce soit effectivement lui qui rédige l'histoire de sa présidence.

Natalia Guévorkian

AFP via Le Figaro : Khodorkovski : "changements" en Russie

L'ex-patron du groupe pétrolier russe Ioukos Mikhaïl Khodorkovski a fait état de "changements institutionnels positifs" en Russie et promis que son nouveau procès, qui s'ouvre mardi, ne serait pas "inintéressant". "A en juger d'après la prison à Moscou et les programmes de télévision disponibles (...), des indices de changements institutionnels positifs sont visibles", souligne dans un communiqué l'homme qui fut le plus riche de Russie, déjà condamné à huit ans de prison en 2005.
Parmi ces changements, il note "les tentatives d'apparition d'une véritable opposition, la réaction raisonnable d'une partie des élites politiques aux évènements internationaux et le fait que le système judiciaire commence à se considérer comme une branche indépendante du pouvoir". "Il y a en même temps des tendances contraires", a-t-il ajouté sans plus de précisions.
Parlant de son prochain procès, Khodorkovski a mystérieusement promis "un spectacle qui ne sera pas dénué d'intérêt". " De mon côté, je garantis d'être ouvert, clair et de ne pas faire le malin", a-t-il dit. Khodorkovski et son ex-associé Platon Lebedev, qui purgeaient leur peine en Sibérie, ont été transférés le 24 février à Moscou. Ils doivent y être jugés pour "détournement de biens", "détournement de fonds" et pour des "opérations financières illégales".
L'ex-PDG avait été condamné en 2005 pour fraude fiscale et escroquerie à grande échelle. Ce premier procès avait été dénoncé par les libéraux russes et à l'étranger comme inspiré par le Kremlin pour rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un homme d'affaires manifestant des ambitions politiques.
25.2.09

AFP via Le Figaro : Khodorkovski ne sera pas poursuivi

La justice russe a annoncé aujourd'hui qu'elle abandonnait les poursuites pour "harcèlement sexuel" à l'encontre de l'ex-patron de la compagnie pétrolière Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, selon le juge en charge du dossier cité par l'agence Interfax.

"Le tribunal Mechtchanski de Moscou (...) a décidé de renoncer à satisfaire la plainte d'Alexandre Koutchma contre Mikhaïl Khodorkovski", a déclaré le juge en charge du dossier, qui annonçait aujourd'hui le jugement à l'issue de la procédure.

Alexandre Koutchma, un ancien co-détenu de l'ex-patron de Ioukos qui l'avait accusé de "harcèlement homosexuel" pour des faits remontant à plusieurs années, demandait une compensation de 500.000 roubles (14.000 dollars) pour préjudice moral.
24.2.09

AFP via L'Express : Nouveau procès: Khodorkovski risque 22 ans et demi de prison supplémentaires

MOSCOU - L'ex-patron du groupe pétrolier russe Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, a été transféré de Sibérie à Moscou pour être jugé à partir du 3 mars dans le cadre d'une nouvelle affaire où il risque jusqu'à 22 ans et demi de prison supplémentaires, un nouveau procès politique, selon des experts.

Condamné en 2005 à huit ans pour fraude fiscale et escroquerie à grande échelle, Mikhaïl Khodorkovski a été transféré mardi dans la prison moscovite Matrosskaïa Tichina pour être jugé cette fois-ci pour "détournement de biens", "détournement de fonds" et pour des "opérations financières illégales".

"Le détournement de biens et de fonds est passible d'au maximum 10 ans de prison et les opérations illégales de 15 ans, mais la peine cumulée ne devant pas dépasser 150% de cette dernière, il risque donc 22 ans et demi de prison supplémentaires", a indiqué à l'AFP le porte-parole de sa défense Maksim Dbar.

"Le tribunal pourrait toutefois confondre sa première peine de huit ans" avec l'éventuelle nouvelle condamnation, a-t-il ajouté.

"Théoriquement, cette accusation prévoit plus de 20 ans de prison, mais nous allons nous battre pour montrer à quel point elle est absurde", a déclaré à l'AFP l'un des avocats de M. Khodorkovski, Karina Moskalenko.

Mikhaïl Khodorkovski, le 30 mai 2005 lors d'une audience devant un tribunal de Moscou

Plusieurs experts considèrent ce nouveau dossier comme une affaire politique.

"Certains hauts responsables craignent qu'une fois libéré Khodorkovski ne puisse devenir un symbole de l'opposition pour la population sur fond de crise", estime l'analyste Valéri Khomiakov.

En effet, la proportion des sympathisants de l'ex-magnat a doublé depuis son arrestation en 2004, passant de 9% à 18%, selon un sondage du Centre Levada réalisé en janvier.

Par ailleurs, le vice-Premier ministre Igor Setchine, l'ennemi juré de Khodorkovski et chef de file des 'silovikis', anciens du KGB et de l'armée placés au sommet de l'Etat, "s'oppose à une éventuelle libération de l'oligarque", affirme M. Khomiakov.

M. Setchine "ne voudrait surtout pas que M. Khodorkovski dévoile la vérité sur des privatisations des biens de l'Etat dont bénéficie le vice-Premier ministre", affirme M. Khomiakov, qui copréside le Conseil pour la Stratégie nationale.

C'est pourtant cette ONG qui avait publié en 2003 le rapport intitulé "L'Etat et les oligarques" dénonçant "la menace que représentaient pour l'Etat" ces hommes d'affaires tout puissants, dont M. Khodorkovski.

"Les autorités le traitent maintenant comme un conspirateur, mais nous ne demandions pas de mettre les oligarques en prison, il suffisait de les écarter du pouvoir", explique-t-il à l'AFP.

C'est en février 2007, plus de deux ans après la première condamnation de l'ex-homme le plus riche de Russie, que le parquet a annoncé avoir ouvert cette nouvelle enquête.

L'ancien patron de Ioukos et son associé Platon Lebedev sont maintenant accusés d'avoir fait des opérations illégales pour un montant total de 896 milliards de roubles (environ 25 milliards de dollars au taux de change actuel) entre 1998 et 2003.

"Beaucoup de choses clochent dans cette affaire", estime Iouri Kostanov, du Conseil indépendant d'experts en droit.

"La législation fiscale russe est si floue que beaucoup d'entrepreneurs pourraient se trouver à la place de Khodorkovski", ajoute le juriste.

Cette semaine, M. Khodorkovski sera également sur la sellette pour des accusations de harcèlement sexuel, avancées par son ex-compagnon de cellule Alexandre Koutchma, mais dénoncée par un autre codétenu comme "complètement fantaisistes".

Un point de vue partagé par les avocats de l'ancien patron de Ioukos, selon lesquels M. Koutchma, qui ne sait "ni lire ni écrire", aurait été instrumentalisé par les ennemis de leur client.

Le Monde avec AFP : Mikhaïl Khodorkovski transféré à Moscou pour un nouveau procès

'ex-chef du groupe pétrolier russe Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, détenu en Sibérie, a été transféré à Moscou en compagnie de son ex-associé Platon Lebedev pour participer à un nouveau procès qui doit s'ouvrir le 3 mars, a annoncé, mardi 24 février, la porte-parole du tribunal municipal de Moscou.

Condamnés en 2005 pour fraude fiscale et escroquerie à grande échelle, Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev, qui purgent leur peine en Sibérie près de la frontière chinoise, seront jugés une nouvelle fois, pour "détournement de biens", "détournement de fonds" et pour des "opérations financières illégales", selon le parquet.
17.2.09

AFP via l'Express : Une nouvelle affaire Khodorkovski transmise au tribunal

Le ministère public a fait savoir dans un communiqué que M. Khodorkovski et son ancien associé, Platon Lebedev, condamnés en 2005 à huit ans de prison, allaient être poursuivis pour "détournement de biens", "détournement de fonds" et pour des "opérations financières illégales".

"Aujourd'hui (mardi), l'affaire criminelle avec les conclusions définitives de l'accusation ont été transmises au tribunal Khamovniki de Moscou pour être étudiée sur le fond", a indiqué le comité d'enquête du parquet dans un communiqué.

"Je suis sûr que les preuves rassemblées ne laissent planer aucun doute sur la culpabilité de Khodorkovski et Lebedev", a pour sa part dit le Procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, dans un entretien à paraître mercredi dans le journal Rossiskaïa Gazeta et dont Interfax a publié des extraits mardi.

Les avocats de MM. Khodorkovski et Lebedev ont pour leur part indiqué avoir reçu les 14 volumes de l'acte d'accusation signé par le procureur général adjoint, Victor Grinia.

"Les bureaucrates des forces de l'ordre ont perdu plusieurs années, d'énormes sommes d'argent appartenant à l'Etat et une énorme part de leur réputation pour fabriquer ces accusations notoirement ridicules", commente la défense des deux détenus dans un communiqué.

MM. Khodorkovski et Lebedev sont accusés d'avoir effectué des opérations illégales pour un montant total de 896 milliards de roubles (environ 25 milliards de dollars) entre 1998 et 2003.

"Ce sont des crimes particulièrement graves", a estimé M. Tchaïka.

Le parquet avait annoncé avoir ouvert cette nouvelle enquête en février 2007 contre l'ex-homme le plus riche de Russie.

En août dernier, un tribunal de la ville sibérienne de Tchita, proche du lieu de détention de M. Khodorkovski, a refusé de lui accorder une libération anticipée alors même qu'il avait purgé plus de la moitié de sa peine de prison pour fraude fiscale.

Les observateurs de la vie politique russe estiment que les déboires judiciaires de plusieurs dirigeants de Ioukos étaient avant tout dus à l'opposition de M. Khodorkovski au régime du président d'alors, Vladimir Poutine.

AFP, via Le Figaro : Vers une nouvelle affaire Khodorkovski?

Le parquet russe s'apprête à transmettre au tribunal de nouvelles accusations visant l'ex-patron du pétrolier Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, ouvrant ainsi la voie à un nouveau procès, selon le bureau du procureur et les représentants de l'accusé.
Le parquet a fait savoir dans un communiqué que M. Khodorkovski et son ancien associé Platon Lebedev, condamnés en 2005 à huit ans de prison, allaient être poursuivis pour "détournement de biens", "détournement de fonds" et pour des "opérations financières illégales".

"Dès que notre travail sera achevé, le dossier sera transmis au tribunal", a indiqué à l'agence Interfax une représentante du parquet, Marina Gridneva.
"Les copies des conclusions de l'accusation n'ont pas toutes encore été transmises (aux instances concernées) en raison de problèmes techniques", a-t-elle ajouté.
Les avocats de MM. Khodorkovski et Lebedev ont pour leur part indiqué avoir reçu les 14 volumes de l'acte d'accusation signé par le procureur général adjoint, Victor Grinia.
"Les bureaucrates des forces de l'ordre ont perdu plusieurs années, d'énormes sommes d'argent appartenant à l'Etat et une énorme part de leur réputation pour fabriquer ces accusations notoirement ridicules", commente la défense des deux détenus dans un communiqué.

MM. Khodorkovski et Lebedev sont accusés d'avoir effectué des opérations illégales pour un montant total de 896 milliards de roubles (environ 25 milliards de dollars) entre 1998 et 2003.
Le parquet avait annoncé avoir ouvert cette nouvelle enquête en février 2007 contre l'ex-homme le plus riche de Russie.
En août dernier, un tribunal de la ville sibérienne de Tchita, proche du lieu de détention de M. Khodorkovski, a refusé de lui accorder une libération anticipée alors même qu'il avait purgé plus de la moitié de sa peine de prison pour fraude fiscale.

Pourquoi l'Observatoire?


L'arrestation du PDG de la compagnie pétrolière russe YUKOS Mikhail Khodorkovsky marque un tournant important dans l'histoire de la Russie contemporaine. Incarcéré le 25 octobre 2003, il a été condamné à l'issue d'un procès inquisitorial à huit ans de camp de travail.



M. Khodorkovsky durant son procès


Son directeur financier, Platon Lebedev, a reçu la même peine. La dureté de ce traitement, disproportionnée par rapport aux faits qui leur sont reprochés, laisse supposer des motifs politiques dans l'affaire YUKOS : Mikhail Khodorkovsky est en effet connu pour ses convictions libérales et pour le soutien financier qu'il a apporté aux partis d'opposition lors des dernières élections.
Parallèlement, la compagnie YUKOS dont il était également le principal actionnaire a été soumise à des redressements fiscaux successifs toujours plus exorbitants, qui ont servi de prétexte à confiscation de la plupart des actifs de la société.
Pour tenter de pallier un certain déficit d'information en langue française, je me propose de donner - dans la mesure de mon temps disponible - une couverture au jour le jour de ce qui est perçu en Russie comme "le procès du siècle".

L'Observatrice



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Bonne Année 2012 !

15 décembre.

Khodorkovsky - LE FILM.

Vassili Alexanian, une interview inédite.

Vassili, le dernier adieu.

Vassili Alexanian est décédé

Le Figaro: Au dernier jour de son procès, Khodorko...

Point final dans l'Affaire Alexanian

Le Figaro: Plus de procès pour un ancien de Ioukos



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L'affaire Yukos sur Internet


Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky
Centre de Presse de Mikhail Khodorkovsky (en anglais et en russe)

Centre de presse de Platon Lebedev
Centre de presse de Platon Lebedev en anglais et en russe

SOVEST - Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky
Groupe "SOVEST" ("Conscience" en russe) : Groupe de soutien à Mikhail Khodorkovsky (en français)

The Mikhail Khodorkovsky Society
The Mikhail Khodorkovsky Society (blog anglophone)

Yukos Shareholders Coalition
Coalition des actionnaires de Yukos pour poursuivre en justice le gouvernement russe (anglais)

Dossier du journal Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos
Dossier du journal d'opposition Novaya Gazeta sur l'affaire Yukos (en russe)

Fond Mission libérale
Excellent site du Fond "Mission libérale" (en russe). Sur l'affaire Yukos et, beaucoup plus largement, sur le libéralisme en Russie

Bibliographie


Je vous propose une sélection de documents en français, anglais ou russe


Sur le procès et l'affaire Yukos

Patrick Klugman : En défense de Mikhail Khodorkovski

André Gluksmann : Mikhail Khodorkovski prisonnier de la verticale du pouvoir

Film BBC "Russian Godfathers 2: The Prisoner" (Youtube, en 6 parties)

Rapport d'experts étrangers sur le déroulement du procès (eng, .pdf, 81 KB)

Analyse des accusations par les avocats de la défense (eng, .pdf, 153 KB)

Sur Mikhail Khodorkovsky

"Le roi du pétrôle piégé par ses ambitions", Hélène Depic-Popovic, Libération, 27.10.2003

"La mutation d'un oligarque", Nathalie Nougayrède, Le Monde, 21.11.2003

"A falling Tsar", Chrystia Freeland, The Financial Times, 01.11. 03 (eng)

"Yukos, a Case Study" by Konstantin Korotov, Stanislav Shekshnia, Elizabeth Florent-Treacy and Manfred Kets de Vries, (eng, .pdf, 589 KB)

L'affaire Yukos dans :


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  • The Moscow News
  • Gazeta.ru - International Edition
  • The Moscow Times

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